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Léon XIII

Adolescent privilégié, baigné dans l’ambiance intellectuelle marxisante des années 1968-1970, il m’arrivait de regarder avec condescendance les romans lus par ma mère. Quel intérêt y-avait-il à lire Maxence Van der Meersch, Pêcheurs d’hommes ? Pourquoi me parler des prêtres-ouvriers alors que la pratique religieuse familiale demeurait anecdotique ? Puis, la vie s’écoulant paisiblement, ma maman vieillit et quitta son appartement pour rejoindre une maison de retraite. Il fallut effectuer un tri…et ce livre à la couverture d’un autre temps ressurgit. Ma posture gauchisante critique vis-à-vis de l’Église s’était érodée au fil des années, des rencontres, de l’étude de l’Histoire. L’Évangile contribua à m’insuffler une très modeste humilité qui me permit de plonger dans cet ouvrage désuet.
Pourquoi cette introspection ? Peut-être parce que maman n’était plus là et que j’avais pris de l’âge. Van der Meersch, c’est un peu du catholicisme social né de la révolution industrielle qui constitue la vitalité de son oeuvre désormais méconnue. Ce courant de pensée et d’action est sans doute apparu en France avec l’article de Lamennais(1) sur la démoralisation ouvrière, paru en 1822 dans Le Drapeau blanc. Les atermoiements pour le qualifier : « économie chrétienne (ou charitable) », « socialisme chrétien », manifestent les incertitudes et les résistances auxquelles il fut confronté. Qui incarne cette sensibilité chrétienne ? Pour beaucoup : le Pape Léon XIII.
Le siècle baignait dans le progrès et beaucoup imaginaient qu’il serait sans fin. La science paraissait donner réponse à tout et la religion n’offrait plus d’explication à ce qui semblait auparavant inexplicable. Les bouleversements de la pensée et de la société secouaient l’Église. Le prolétariat naissait avec la grande industrie, les campagnes se vidaient au profit des villes.
Le printemps des peuples(2) passa par là, l’émergence de l’idéologie socialiste brisait les certitudes. Forte de seize siècles(3) de pouvoir spirituel sur les âmes, l’Église se sentit menacée et se crispa. Pie IX effrayé par les mouvements secouant le monde d’alors affirma le dogme de l’infaillibilité pontificale.
Son successeur, Léon XIII réagit en tentant de cultiver une dimension plus universelle de l’Église. Il sollicita l’ordre franciscain pour relever le défi. En signant l’Encyclique Auspicato Concessum du 17 septembre 1882 afférent au Tiers-ordre de Saint-François, il invitait le Tiers-ordre à prendre toute sa place dans la restauration de l’ordre social chrétien comme l’écrivit J.M.Mayeur(4). Il persévéra dans Humanum genus du 20 avril 1884 qui consistait en un sévère réquisitoire contre la franc-maçonnerie et insistait sur le rôle que pouvait dès lors tenir les fidèles du poverello. Ainsi, le 30 mai 1883, par la Constitution Misericors Dei Filius, Léon XIII donna au Tiers-Ordre une charte nouvelle. Il insistait sur les devoirs sociaux de ces « Frères laïcs » vivant dans le monde où ils devaient restaurer le règne du Christ. Dans la spiritualité franciscaine, Léon XIII identifiait l’amour de la pauvreté, le respect de la propriété, la fraternité le désir de paix sur lequel l’harmonie entre les différentes classes sociales pouvait s’édifier. Il y avait là matière à répondre aux défis du temps et à offrir l’alternative aux idées maçonniques et marxistes. Une étape décisive vers un catholicisme social était franchie.
Désormais Léon XIII serait perçu comme un Pape libéral, fustigé par les partisans d’une Église effrayée par l’évolution d’une société qui lui échappait. Il demeure encore de nos jours la cible des nostalgiques de Vatican1.(5)

ÉRIK LAMBERT.

(1)Félicité de Lamennais (1782-1854) Ordonné prêtre en 1816 ; il supporte mal les compromissions du haut clergé et de l’État. Il fonde en 1830 le journal L’Avenir avec ses amis le comte Charles de Montalembert et Henri Lacordaire, prêtre dominicain, aumônier du collège Henri IV. La devise du journal est : « Dieu et liberté » condamné par la Pape Grégoire XVI. Il publie Paroles d’un croyant qui appelle à l’insurrection contre l’injustice au nom de l’Évangile, immédiatement condamné par le Saint-Siège.
(2)En 1848, le printemps commença le 22 février, à Paris, conduisant à la chute de Louis-Philippe et à un embrasement révolutionnaire dans de nombreux pays européens qui se poursuivit jusqu’en octobre.
(3)Certes, nous pouvons considérer que l’Église naquit très tôt « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église », in Matthieu, chapitre 16, versets 13 à 23. Mais les débuts d’une Église institutionnalisée pourraient se situer après que Constantin eut affronté Maxence à l’entrée de Rome au pont Milvius sur le Tibre le 28 octobre 312. Selon une légende tardive il aurait été guéri de la lèpre et converti à la foi chrétienne par le pape Sylvestre Ier, évêque de Rome. Afin de manifester sa reconnaissance, il serait allé à la rencontre du pape et, humblement, aurait guidé son cheval par les rênes. Ensuite, il aurait fait don au pape des territoires environnant Rome. Lors du Concile de Nicée naît le césaropapisme c’est-à-dire une pratique de gouvernement qui se caractérise par la confusion des affaires séculières et des affaires religieuses entre les mains du souverain.
(4)Tiers-ordre franciscain et catholicisme social en France à la fin du XIXe siècle, par J.M.Mayeur, in Revue d’histoire de l’Église de France, tome 70, n°184, 1984. Franciscanisme et société française.
(5)On peut se reporter à ce titre à la biographie à charge de R.de Mattei qui écrit : « S’il est vrai que l’idée dominante de Léon XIII fut celle de réconcilier le monde moderne avec l’Église, le projet pastoral qui échoua sous son pontificat se réalisa avec le Concile Vatican II « In, R.de Mattei, Le ralliement de Léon XIII. L’échec d’un projet pastoral, Cerf, 2016, 482 p., 29 €

Lettre ouverte à un ami

Tu me salues en disant « Prends soin de toi ». Je sais que tu me veux tout le bien possible. Pourtant, je raccroche le téléphone contrarié par ces quatre petits mots qui ne remplacent pas l’embrassade impossible en ces temps de confinement. Je t’avoue que dans cette frustration somme toute provisoire, il y a aussi de l’agacement.

Ça me crispe que tu fasses usage de cette expression toute faite, recyclée de l’anglais « Take care of you ». Tu me diras que c’est une bataille perdue… Mais il y a autre chose que mon attachement à notre langue, marotte pour laquelle tu as sans doute raison de te moquer de moi. C’est que le mot soin signifie « Attention, application de l’esprit à une chose, à faire quelque chose » (Littré). C’est une attention dirigée vers autrui — personne, animal, objet, à la rigueur ses propres affaires — mais pas à soi-même. Quand tu m’invites à prendre soin de moi, j’entends un contresens, un non-sens même, et j’ai l’impression que tu m’abandonnes à ma solitude, que tu te défausses sur moi de ton obligation d’attention à mon égard. Ainsi que le disaient les amis d’autrefois, tu es mon « obligé » comme je suis le tien. Pas seulement à cause de l’amitié ; nous avons tous des obligations les uns envers les autres, d’attention, de considération, de respect, de soutien, et d’amour les uns pour les autres. L’épidémie nous le rappelle cruellement : oublier cette obligation mène à la mort collective. Prendre soin de soi, c’est se condamner, prendre soin de l’autre, c’est tous nous sauver.

À la notion d’obligation, la tendance est à préférer celle de droit. Droit au logement, droit à l’enfant, droit au travail, droit au chômage, droit à la retraite, droit à la santé, et même droit à la sexualité… « Prendre soin de soi » c’est veiller à que tous ses droits soient respectés, comme si chacun naissait avec une série de droits naturels que la société devait reconnaître pour être une société et t’assurer que tu en fais partie. Mais le droit ne crée aucun lien, ce qui fait la société est l’obligation collective des uns envers les autres et non la revendication d’un droit individuel. L’obligation est ce qui donne corps à la charité et à la fois fonde le contrat social, comme Rous-seau l’a démontré en son temps. « Prendre soin de soi », c’est nier les deux au profit d’une re-cherche de bien-être qui confine parfois à l’obscénité, et c’est aussi nier la providence qui prend soin de nous tous également, à laquelle nous répondons par l’obligation du bien, c’est-à-dire par les vertus de justice, de tempérance, de prudence et de courage. Comment s’étonner que l’idée de vertu semble surannée ? Dans une société dédiée au profit consumériste, celle de valeur prend logiquement le pas sur elle, puisque la vertu exige qu’on s’y conforme tandis que le droit et la va-leur n’appellent qu’à la possession et à la jouissance individuelles.

J’ai fini par te le dire, pardonne-moi. Ne me demande plus de prendre soin de moi. Je ne sais pas, la prochaine fois que nous nous saluerons, dis-moi « Porte-toi bien », « Paix et Bien » , « Prenons soin les uns des autres » ou ce que tu voudras. Mais s’il te plaît, prends soin de nos mots, car tu le sais, le langage est notre bien commun et le verbe est merveilleusement créateur.

Jean Chavot

La Visitation

Cette rencontre de Marie avec sa cousine Elisabeth, que nous raconte l’évangile de Luc, est une illustration de la réception par une communauté humaine, d’évènements qui dépassent son entendement et qu’elle a relu comme une manifestation de la volonté divine, un signe : Dieu a visité son peuple.
Et nous, aujourd’hui, comment recevons-nous les évènements dont nous sommes témoins ?

Nous traversons une période difficile, avec un virus qui sème la terreur, provoque inquiétude et incompréhension et suscite la zizanie chez ceux qui savent, les savants. Et qui, dans le même temps, nous oblige à revisiter nos modes de vie et nos modèles économiques, avant peut-être de les détruire durablement. Quelle lecture en faisons-nous ? Y voyons-nous un phénomène passager ou un signe ? Dans l’immédiat nos vies sont bouleversées, on ne peut plus se rassembler, ni au stade pour un match de foot, ni à l’église sauf pour des obsèques en petit comité, mais, dans le même temps, on voit surgir des manifestations de solidarité, des parents qui se réinvestissent dans l’éducation de leurs enfants, des familles qui redécouvrent un rythme de vie moins trépidant. Des initiatives surgissent ici et là, sans attendre les instructions d’autorités souvent dépassées ; et puis, bonne nouvelle, nous constatons que la pollution diminue à toute vitesse et rend nos villes plus respirables.

Et après ? On entend dire ici ou là qu’il n’est pas possible de changer de modèle, que l’on sera obligé de repartir comme avant, et très vigoureusement. D’autres, au contraire, préconisent un changement qui parait souhaitable mais qui semble difficile à mettre en œuvre sans conséquences douloureuses (chômage, ressources) pour les peuples.

Et l’Europe dans tout çà ? Sera-t-elle capable de sortir par le haut de cette crise où se joue son avenir, d’envoyer un signe fort d’unité, de proposer à ses peuples une vision commune qui leur donne envie de s’y investir, une bataille à gagner contre la tentation du repli sur soi et la fuite en avant ?

Et nous, dans tout çà ? Quel message souhaitons-nous envoyer pour répondre à l’appel de l’Esprit toujours à l’œuvre et qui nous interpelle ?
Cette pandémie aura une fin, nous l’espérons ; à la suite de Saint François qui s’est fait le chantre de la création et le frère universel, la famille franciscaine ne peut-être absente de la phase de reconstruction qui suivra, pour y défendre, humblement mais fermement, les valeurs qui sont les siennes : respect de la création, de tout le vivant, solidarité et partage avec toutes les nations, promotion de la fraternité universelle.

Déjà en mai 2015 le pape François interpellait le monde dans son encyclique « Laudato Si » :
« 13. Le défi urgent de sauvegarder notre maison commune inclut la préoccupation d’unir toute la famille humaine dans la recherche d’un développement durable et intégral, car nous savons que les choses peuvent changer. Le Créateur ne nous abandonne pas, jamais il ne fait marche arrière dans son projet d’amour, il ne se repent pas de nous avoir créés. L’humanité possède encore la capacité de collaborer pour construire notre maison commune. Je souhaite saluer, encourager et remercier tous ceux qui, dans les secteurs les plus variés de l’activité humaine, travaillent pour assurer la sauvegarde de la maison que nous partageons. Ceux qui luttent avec vigueur pour affronter les conséquences dramatiques de la dégradation de l’environnement sur la vie des plus pauvres dans le monde, méritent une gratitude spéciale. Les jeunes nous réclament un changement. Ils se demandent comment il est possible de prétendre construire un avenir meilleur sans penser à la crise de l’environnement et aux souffrances des exclus.
14.J’adresse une invitation urgente à un nouveau dialogue sur la façon dont nous construisons l’avenir de la planète. Nous avons besoin d’une conversion qui nous unisse tous, parce que le défi environnemental que nous vivons, et ses racines humaines, nous concernent et nous touchent tous…
« 

Cinq années sont passées et ces paroles sont toujours d’actualité.

Bonne fête à tous les travailleurs,

Jean-Pierre Rossi

Prière de mai

O Marie,
tu resplendis toujours sur notre chemin
comme signe de salut et d’espérance.
Nous nous confions à toi, Santé des malades,
qui, auprès de la croix, as été associée à la douleur de Jésus,
en maintenant ta foi ferme.
Toi, tu sais de quoi nous avons besoin
et nous sommes certains que tu veilleras
afin que, comme à Cana de Galilée,
puissent revenir la joie et la fête
après ce moment d’épreuve.
Aide-nous, Mère du Divin Amour,
à nous conformer à la volonté du Père
et à faire ce que nous dira Jésus,
qui a pris sur lui nos souffrances
et s’est chargé de nos douleurs
pour nous conduire, à travers la croix,
à la joie de la résurrection. Amen.

Pape François

Sous Ta protection nous cherchons refuge, Sainte Mère de Dieu.
N’ignore pas nos supplications, nous qui sommes dans l’épreuve,
et libère-nous de tout danger, O Vierge glorieuse et bénie.

Un livre…

Simone Weil est le plus grand esprit de notre temps et je souhaite que ceux qui le reconnaissent en reçoivent assez de modestie pour ne pas essayer d’annexer ce témoignage bouleversant.” C’est ainsi, en 1951, qu’Albert Camus parlait de l’auteure de l’Enracinement qu’il publia lui-même en 1949. Toutes proportions gardées, notre actualité présente des analogies avec la période dans laquelle elle l’écrivit : la nécessité d’un changement fondamental s’impose à nous. Ce texte magnifique en lui-même s’avère plus que jamais précieux pour nourrir la réflexion sur les directions à donner au renouvellement indispensable et attendu de notre société. Car il va nous falloir reconstruire notre monde.

La pensée de Simone Weil, une des plus grandes de notre époque et peut-être la plus lumineuse, est sans cesse en mouvement du début à la fin de sa trop courte vie. Elle bouscule les lieux communs de la philosophie, de la politique, de la religiosité, de l’Histoire, de tout ce qui s’oppose à sa quête de justice et de vérité et à son amour de la beauté, une quête héroïque, presque sacrificielle, au point de mourir d’épuisement à Londres en 1943, à l’âge de trente-quatre ans, après avoir rédigé L’Enracinement en réponse à une commande de la France Libre qu’elle a rejointe : une nouvelle déclaration des droits de l’homme afin de définir les conditions du redressement de la France, une fois libérée de l’occupation nazie. Comme Laure Adler le présente dans Simone Weil, l’insoumise : « Écrit au coeur de l’année la plus noire de la guerre d’une seule coulée, brassant des éléments historiques, mythologiques avec des fragments d’expériences qu’elle a vécues comme ouvrière d’usine, militante d’extrême gauche déçue par le marxisme, L’Enracinement se lit comme un traité politique, poétique et métaphysique des futurs temps modernes. »

Le livre commence par poser Les Besoins de l’âme. Le titre de cette première partie dit combien la réflexion politique de son auteure se fonde sur l’approche spirituelle. Pour elle, « il n’y a pas de véritable dignité qui n’ait une racine spirituelle et par suite d’ordre surnaturel ». Habitée d’une foi profonde, celle qui n’a rien renié de ses aspirations révolutionnaires s’est convertie au catholicisme, notamment lors d’un voyage en Italie après une visite à Assise dans la chapelle de Santa Maria degli Angeli qu’elle évoque ailleurs en ces termes : « Incomparable merveille de pureté, où saint François a prié bien souvent ; et où quelque chose de plus fort que moi m’a obligée, pour la première fois de ma vie, à me mettre à genoux. » Puis la deuxième partie, Le Déracinement, conséquence de la « domination économique » et de l’instruction « telle qu’elle est conçue », décrit la condition ouvrière et paysanne, et reconsidère complètement le travail en tant que chemin d’une authentique libération par ce qu’elle appelle la « plénitude de l’attention » qui « n’est pas autre chose que la prière » (Conditions premières d’un travail non servile). La troisième partie éponyme du livre, L’Enracinement, définit les bases de l’immense progrès historique dont elle entrevoit la possibilité après la victoire, en refondant la société selon les vertus de justice et de vérité, éclairées par celles d’amour et de beauté, « preuve rigoureuse et certaine du bien ».

Il est impossible de résumer une pensée aussi puissante, audacieuse et riche que celle de Simone Weil ; je préfère lui laisser le soin de vous inciter à la lire : « Une civilisation constituée par une spiritualité du travail serait le plus haut degré d’enracinement de l’homme dans l’univers, par suite l’opposé de l’état où nous sommes, qui consiste en un déracinement presque total. Elle est ainsi par nature l’aspiration qui correspond à notre souffrance. »

Jean Chavot

Prions en confinement Semaine_5

« Père très Saint, avec Saint François d’Assise nous te supplions.
Au nom de Jésus-Christ donne-nous ton Esprit.
Répands-Le sur tous les hommes, toutes les femmes, et tous les enfants,
Sur la Création toute entière.
Qu’Il chasse la pandémie et restaure les corps et les cœurs.
Nous te le demandons à Toi qui vis pour les siècles des siècles.
»

Prière composée par fr Michel Laloux, ministre provincial, en cette période de pandémie.

Cette réflexion se fera, sœurs et frères, tout en continuant l’appel à la prière.

La minorité

C’est un élément constitutif de la spiritualité franciscaine. Mais, comment est-elle comprise ? Comment est-elle vécue ? Est-il si évident que cela de vivre la minorité ?
Je laisse la parole à des sœurs et frères de nos fraternités pour répondre à ces questions. Voici le témoignage de 4 d’entre eux. J’ai retiré les noms par discrétion.

Frère Joseph (assistant régional)

Témoignage N°1

Spontanément quand j’entends minorité je pense petit, humble ..
En allant plus loin il me vient l’image du Christ lavant les pieds de ses disciples, donc quand j’entends minorité c’est service, abaissement qui résonnent. St François écrivait « … Que tous les frères n’aient en cela aucun pouvoir ni domination surtout entre eux » (1R 5,9), en résonnance avec ce qui est écrit dans l’Evangile … « que celui qui est le plus grand parmi eux devienne comme le plus petit », « je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Luc 22, 27)
C’est cela que j’essaye de vivre au quotidien. Dans ma mission d’aumônier d’hôpital mon objectif était de vivre le plus en vérité auprès des personnes malades : me mettre à leurs pieds, m’abaisser et les écouter ; ainsi cela colorait ma prière et me rendait humble. J’ai à cœur aussi de prendre conscience que tout vient de Dieu, que chacun est un don de Dieu ; cela m’invite donc à rester à ma juste place et m’empêche de tout pouvoir. C’est ainsi que j’ai vécu les responsabilités quand elles m’ont été demandées.
C’est aussi une école de vie et cela n’est pas si évident !
Apprendre à discerner le nécessaire, à se débarrasser au maximum du superflu que ce soit dans la vie pratique que dans l’attention à l’autre est un combat à reprendre chaque jour.
Apprendre aussi à me taire, moi qui aie du mal à ne pas dire les choses comme je les pense, est une conversion vers laquelle je tends …mais je suis loin encore d’y arriver.

Témoignage N°2

Voilà un mot qui n’est pas au Top 50 des valeurs de notre société. I l faut être un peu fou, comme François pour se prévaloir de ce beau titre : Frère mineur.
Et ce n’est pas toujours facile de rester mineur quand on a des responsabilités. J’ai été directeur général de maisons d’enfants que j’ai créées. Responsabilités au service des jeunes accueillis que j’ai toujours voulu considérer comme des petits frères, des personnes en devenir. Responsabilités au service de mes salariés. Pas facile de rester « mineur » quand on a de tels pouvoirs et la tentation est grande de les exercer sans discernement. Il me faut sans cesse me rappeler que ces responsabilités, ces pouvoirs sont un don de Dieu dont je dois rendre grâce et qui doivent rester au service du frère..
Diacre permanent, avec des responsabilités ecclésiales, et frère mineur, je me dois d’être doublement au service de mes frères en luttant sans cesse contre l’orgueil d’être ceci ou cela.
Quand je suis en mer, sur mon voilier, je ne peux que m’émerveiller devant la création divine, et je me sens également petit, mais responsable, devant elle et Celui qui l’a créée.
« Garde-nous tous petits devant ta face…
Garde-nous tous petits devant nos frères…
»

Témoignage N°3

La minorité peut, paradoxalement ne venir qu’après la majorité. Ma majorité légale atteinte, mais surtout celle d’une conscience qui tire ses sources dans les engagements de mes jeunes années et une (re)découverte de Saint François, j’ai pu de temps à autre réussir à toucher cette minorité.
J’ai eu besoin d’être grand pour mieux redevenir petit !
J’ai d’abord ressenti le besoin de me hisser de peur de tomber, mais j’ai toujours gardé en moi une profonde aversion pour cette course effrénée au « toujours plus », ce que les anglo-saxons nomment très justement la « course des rats ». C’est à ce moment que l’on peut s’arrêter et regarder derrière soi. Alors, on y voit une multitude de personnes qui peinent à gravir la marche inégale au-dessus d’eux.
Que faire ? Continuer son chemin sans s’en soucier ? Certains le font par aveuglement. La plupart éprouveront un sentiment coupable et hésiteront. D’autres enfin feront ce choix de la minorité et aideront celui derrière à se hisser auprès de nous. Et s’il nous dépasse ? Ayons la satisfaction de l’avoir aidé à un moment difficile pour lui; cela l’aidera à faire lui aussi ce choix pour un autre.
Je me retrouve plus fréquemment dans la seconde posture, mais lorsque je force ce pas, je ressens cette joie intérieure qui m’envahit!
Visons cette sobriété heureuse dont parle si justement Michel Sauquet.
Des gestes simples permettent de gravir cet autre sommet, armé de bienveillance et de cette minorité, qui si étrangement, nous aide à grandir.

Témoignage N°4

Tenter de vivre la « minorité »
Deux évènements me viennent de suite à l’esprit pour me guider sur cette voie, qui me la montrent comme source de relation féconde et donc de joie profonde…
En cette octave pascale, l’image du Christ lavant les pieds de ses disciples s’impose à moi et je réentends son message comme un commandement à suivre : « C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous ». (Jn 13, 15)
La deuxième image est celle de Saint François prenant soin du lépreux « d’âme et de corps » qui a découragé tous les frères : « ce que tu voudras, je le ferai » (Fioretti de St François)
Deux exemples de relations aux autres en attitude de minorité : se mettre à la portée de l’autre, par la parole et le geste.
Difficile à suivre quand on est « riche » ; pas seulement riche de biens matériels, mais peut-être encore plus riche de savoir-faire, de culture, d’aisance orale ou écrite, de connaissances… Nos certitudes peuvent fermer le dialogue, biaiser la relation, envers les plus pauvres que nous rencontrons mais aussi envers nos plus proches, famille et amis. Même sans le vouloir, c’est tellement facile de faire ressentir à l’autre ses manques et ses imperfections…
Oui, nous venons vers l’autre avec tout ce que nous sommes, en particulier tous ces talents et capacités, mais aussi avec la conscience de nos faiblesses et travers … alors rendons grâce à Dieu pour la merveille que nous sommes, rendons-Lui la grâce de ce qui a été vécu et devant Lui, reconnaissons notre propre fragilité.
Vivre la minorité, se serait mettre chaque matin notre confiance en Dieu, pour le laisser guider nos actions et savoir entendre la vérité de ceux que nous rencontrons.

Prions en confinement Semaine_4

« Père très Saint, avec Saint François d’Assise nous te supplions.
Au nom de Jésus-Christ donne-nous ton Esprit.
Répands-Le sur tous les hommes, toutes les femmes, et tous les enfants,
Sur la Création toute entière.
Qu’Il chasse la pandémie et restaure les corps et les cœurs.
Nous te le demandons à Toi qui vis pour les siècles des siècles.
»

Prière composée par fr Michel Laloux, ministre provincial, en cette période de pandémie.

Cette réflexion se fera, sœurs et frères, tout en continuant l’appel à la prière.

L’émerveillement

François n’est pas un benêt qui est en admiration devant la nature et les personnes pour elles-mêmes. Il n’est ni un écologiste, ni un humaniste tels qu’on comprend ces termes aujourd’hui. Le créé, pour lui, est un lieu de révélation :

« … il savait puiser un grand réconfort dans toutes les choses de ce monde ; il les utilisait … comme autant de miroirs pour contempler la bonté de Dieu. En toute œuvre, il admirait l’Ouvrier ; il référait au Créateur les qualités qu’il découvrait à chaque créature. Il se réjouissait pour tous les ouvrages sortis de la main de Dieu et de ce spectacle qui faisait sa joie, il remontait jusqu’à celui qui est la cause, le principe et la vie de l’univers. Il savait, dans une belle chose, contempler le Très Beau ; tout ce qu’il rencontrait de bon lui chantait : ‘Celui qui m’a fait, celui-là est le Très Bon.’ Il poursuivait à la trace son Bien-Aimé en tout lieu de sa création, se servant de tout l’univers comme d’une échelle pour se hausser jusqu’au trône de Dieu. » (2C.165)

Et cela a une conséquence sur son émerveillement :

L’émerveillement de François est enraciné en Dieu : il le voit à l’œuvre en tout et en tous, et cette œuvre n’est pas une réalité du passé, elle est une action actuelle, permanente de Dieu créateur et sauveur :

« Aimons tous le Seigneur Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme, de tout notre esprit, de tout notre pouvoir et courage, de toute notre intelligence, de toutes nos forces, de tout notre effort, de toute notre affection, de toutes nos entrailles, de tous nos désirs, de toutes nos volontés. Il nous a donné et nous donne à tous le corps, l’âme et la vie ; il nous a créés et rachetés ; il nous sauvera par sa seule miséricorde ; qui à nous misérables et miséreux, putrides et fétides, ingrats et mauvais, nous a fait et nous fait tout bien. » (1R. 23, 8)

« Tout puissant, très saint , très haut et souverain Dieu, Père saint et juste, Seigneur, roi du ciel et de la terre, nous te rendons grâces à cause de toi-même, parce que, par ta sainte volonté, et par ton Fils unique avec le Saint-Esprit, tu as créé toutes choses, spirituelles et corporelles ; tu nous as faits à ton image et ressemblance, tu nous as placés dans le paradis ; et nous, par notre faute, nous sommes tombés » (1R. 23, 1-2).

Son émerveillement est enraciné en Christ, puisqu’il est l’alpha et l’oméga de tout : François le voit avant toute création, mais aussi présent aujourd’hui, comme il est le terme de tout le créé :

« Nous te rendons grâces parce que, de même que tu nous as créés par ton Fils, de même, par le saint amour dont tu nous as aimés, tu as fait naître ton Fils, vrai Dieu et vrai homme, de la glorieuse Vierge sainte Marie, et, par sa croix, son sang et sa mort, tu as voulu nous racheter de notre captivité. Et nous te rendons grâce parce que ce même Fils reviendra dans la gloire de sa majesté. » (1R. 23, 3-4a)

C’est lui qui donne sens et grandeur à tout le crée. Et quand il s’agit de la créature spirituelle, l’être humain, le Christ devient « l’archétype » et lui donne toute sa splendeur :

« Considère, ô homme, le degré de perfection auquel t’a élevé le Seigneur : il a créé et formé ton corps à l’image du corps de son Fils bien-aimé, et ton esprit à la ressemblance de son esprit » (Adm 5, 1).

L’émerveillement de François va aussi du côté de ses frères. Il suffit de se rappeler sa manière de décrire le frère parfait, rapporté par l’auteur du « miroir de perfection » 85.

Il découvre dans tout ce que l’homme dit et fait de bien, de beau, de bon, celui qui seul est Bien, Beau et Bon :

« Un frère lui demanda un jour pourquoi il mettait tant de soin à recueillir même les écrits des païens où l’on ne trouve pas le nom du Saigneur ; il répondit : ‘Mon fils, c’est parce qu’on y trouve les lettres qui composent le très glorieux nom du Seigneur Dieu. Tout ce qu’il y a de bien dans ces écrits n’appartient ni aux païens ni à qui que ce soit, mais à Dieu seul, de qui nous vient tout bien’. » (1C 82)

Frère Joseph (assistant régional)

Prions en confinement Semaine_3

« Père très Saint, avec Saint François d’Assise nous te supplions.
Au nom de Jésus-Christ donne-nous ton Esprit.
Répands-Le sur tous les hommes, toutes les femmes, et tous les enfants,
Sur la Création toute entière.
Qu’Il chasse la pandémie et restaure les corps et les cœurs.
Nous te le demandons à Toi qui vis pour les siècles des siècles.
»

Prière composée par fr Michel Laloux, ministre provincial, en cette période de pandémie.

Cette réflexion se fera, sœurs et frères, tout en continuant l’appel à la prière.

Christ est ressuscité, Il est vraiment ressuscité, Alléluia !

Continuons notre réflexion en regardant cette semaine du côté de l’émerveillement.

« Franciscain(e)s, nous pouvons aussi nous émerveiller de toutes les initiatives prises ici où là pour venir en aide aux plus démunis dans cette période qui les frappe de plein fouet. Nous émerveiller pour nos concitoyens qui ont compris le message et respectent les consignes officielles (ils sont très majoritaires). Nous émerveiller surtout de l’incroyable dévouement des membres du personnel soignant, allant jusqu’au bout de leurs forces pour endiguer l’épidémie et guérir ceux qui peuvent l’être ». (Michel Sauquet – édito)

Je commence en disant que, contrairement à ce qu’on croit, l’émerveillement ne va pas de soi. Et je précise : la capacité d’émerveillement devant un monument, une nature, une personne, s’étiole au fur et à mesure que je la / le vois, que je la / le rencontre pour disparaître avec le temps.

Un touriste qui arrive à Paris pour la première fois et s’arrête devant l’obélisque de la place de la concorde est en admiration devant ce monument, il s’émerveille devant la précision de ce travail d’orfèvre que représente ce gigantesque bloc de pierre. Mais le Parisien qui passe devant quotidiennement ne lui prête même pas un regard. Le danger de l’habitude.

D’ordinaire, il nous est plus facile de nous émerveiller de la nature que de notre sœur ou frère en humanité que nous croisons quotidiennement. Je dirai même, d’une façon générale, cela ne nous vient même pas à l’esprit. Il faut des situations particulières,

Et voilà que ce temps de confinement nous invite à garder l’esprit vif et poser un autre regard, un regard neuf, sur celles et ceux qui nous entourent, comme l’écrit Michel Sauquet,

S’émerveiller implique des conditions :

La première, c’est échapper à l’habitude, c’est, pour utiliser un langage qui nous est commun, retrouver « l’esprit d’enfance ». Savoir regarder les personnes et les choses comme si c’était la première fois, une découverte.

Découvrir, et c’est la deuxième condition, c’est accepter d’être surpris. Accepter de ne pas savoir ou peu. Aristote disait : « la philosophie est fille de l’étonnement » in Métaphysique.

Découvrir c’est accepter d’être initié. Bien sûr, je peux le faire seul ; mais je peux aussi laisser mon frère, ma sœur, mon épouse, mon époux, mon enfant m’initier à cette relation unique avec elle, avec lui. N’oublions jamais que chacun d’entre nous a un jardin secret inviolable. Et je ne peux y accéder, tant que soit peu, que si l’autre m’y introduit, et donc m’y initie.

Enfin, pour pouvoir s’émerveiller, il faut savoir exorciser sa peur. La peur de ne pas pouvoir maîtriser les événements, les choses, et peut-être aussi, consciemment ou inconsciemment, l’autre. Autrement dit, la peur de l’inconnu, de l’inédit. Autrement dit, apprendre à faire confiance.

Frère Joseph (assistant régional)

Prions en confinement Semaine_2

« Père très Saint, avec Saint François d’Assise nous te supplions.
Au nom de Jésus-Christ donne-nous ton Esprit.
Répands-Le sur tous les hommes, toutes les femmes, et tous les enfants,
Sur la Création toute entière.
Qu’Il chasse la pandémie et restaure les corps et les cœurs.
Nous te le demandons à Toi qui vis pour les siècles des siècles.
»

Prière composée par fr Michel Laloux, ministre provincial, en cette période de pandémie.

Cette réflexion se fera, sœurs et frères, tout en continuant l’appel à la prière.

Comment François d’Assise voit-il l’humilité ?

Disons pour commencer, que l’humilité ne relève pas, chez François, de la morale. Elle est fondamentalement une donnée christologique : il voit l’humilité du Christ, et cela induit chez lui une manière d’être, pour lui ressembler.

L’humilité du Christ, il la voit dans trois événements majeurs :

L’incarnation :
« Ce Verbe du Père, si digne, si saint et si glorieux, le très haut Père du ciel annonça, par son saint ange Gabriel, qu’il viendrait dans le sein de la glorieuse Vierge Marie ; et de fait il reçut vraiment, dans son sein, la chair de notre fragile humanité. Lui qui était riche plus que tout, il a voulu, avec la bienheureuse Vierge sa mère, choisir la pauvreté ». (Lettre à tous les fidèles 4-5)

Le lavement des pieds :
« On ne donnera à aucun frère le titre de prieur, mais à tous distinctement celui de frères mineurs. Ils se laveront les pieds les uns aux autres ». (1R 6, 3)

L’eucharistie :
« Voyez : chaque jour il s’abaisse, exactement comme à l’heure où, quittant son palais royal, il s’est incarné dans le sein de la Vierge ; chaque jour c’est lui-même qui vient à nous, et sous les dehors les plus humbles » (Adm. 1, 16-17)

Ce désir de conformité avec le Christ se manifestera dans la connaissance de soi-même devant Dieu.
Barthélemy de Pise (franciscain, né en 1338 et mort en 1401) nous rapporte la prière suivante que récitait François :
« Mon Dieu et mon tout. Qui es-tu, très doux Seigneur, mon Dieu ? Et qui suis-je, moi, pauvre vermisseau, ton serviteur ? »
Prendre conscience de l’abîme qui le sépare de son Seigneur, le rend humble.

Être humble, être petit :
« Heureux le serviteur qui, lorsqu’on le félicite et qu’on l’honore, ne se tient pas pour meilleur que lorsqu’on le traite en homme de rien, simple et méprisable. Car tant vaut l’homme devant Dieu, tant vaut-il en réalité, sans plus ». (Adm. 20, 1-2)

Vouloir ressembler au Seigneur veut dire que l’humilité est un devoir :
« Ils doivent se réjouir quand ils se trouvent parmi des gens de basse condition et méprisés, des pauvres et des infirmes, des malades et des lépreux, et des mendiants des rues ». (1R 9, 1)

Cette vertu se traduit par la patience au moment de la contrariété :
« Heureux les pacifiques : ils seront appelés fils de Dieu. Ce qu’un serviteur de Dieu possède de patience et d’humilité, on ne peut le savoir tant que tout va selon ses désirs ». (Adm 13, 1)

Elle se traduit aussi dans l’acceptation de l’injustice envers soi :
« Heureux ceux qui ont l’esprit de pauvreté, car le royaume des cieux leur appartient.
Il y en a beaucoup qui sont férus de prières et d’offices, et qui infligent à leur corps de fréquentes mortifications et abstinences. Mais pour un mot qui leur semble un affront ou une injustice envers leur cher « moi », ou bien pour tel ou tel objet qu’on leur enlève, les voilà aussitôt qui se scandalisent et perdent la paix de l’âme
». (Adm. 14, 1-3)

Elle se traduit par la discrétion sur les grâces reçues et le bien qu’on fait :
« Heureux le serviteur qui amasse, mais dans le ciel, le trésor de grâces que le Seigneur lui offre et qui ne cherche pas, pour se faire valoir, à les manifester aux hommes ; Heureux le serviteur qui conserve en son cœur les secrets du Seigneur ». (Adm 28, 1.3)
« Heureux le serviteur qui ne se glorifie pas plus du bien que le Seigneur dit et opère par lui, que du bien que le Seigneur dit et opère par un autre
». (Adm 17, 1)

Cette humilité est tellement fragile que François demande à Dieu de la sauver :
« Dame sainte Pauvreté, que le Seigneur te sauve, avec ta sœur sainte Humilité » (Sal Vertus 2)

Frère Joseph (assistant régional)

Prions en confinement Semaine_1

« Père très Saint, avec Saint François d’Assise nous te supplions.
Au nom de Jésus-Christ donne-nous ton Esprit.
Répands-Le sur tous les hommes, toutes les femmes, et tous les enfants,
Sur la Création toute entière.
Qu’Il chasse la pandémie et restaure les corps et les cœurs.
Nous te le demandons à Toi qui vis pour les siècles des siècles. »

Prière composée par fr Michel Laloux, ministre provincial, en cette période de pandémie.

Cette réflexion se fera, sœurs et frères, tout en continuant l’appel à la prière de la semaine dernière.

Cette semaine, nous voulons faire un pas en avant et nous poser la question de l’humilité :

« Humilité, parce que beaucoup de nos certitudes sont mises à mal aujourd’hui. Parce que nous voyons les limites de ce que nous croyions savoir, parce qu’il nous faut plus que jamais être « humbles et soumis à tous », ne pas fanfaronner en bravant les consignes et en nous disant que nous en avons vu d’autres, que nous n’allons pas nous empêcher de faire notre jogging si ça nous chante, que la liberté, quand même… » Michel Sauquet – édito.

Ce confinement restreint énormément notre liberté. Pas seulement à l’extérieur, mais aussi chez soi. Prenons deux exemples qui appellent à une démarche d’humilité.

Parlons cash : quand mon époux, mon épouse, mon ou mes enfants finissaient par me taper sur les nerfs, j’avais la possibilité de prendre mon sac et m’éclipsait, ou leur demandais d’aller faire un tour.

Aujourd’hui, avec le confinement, cela est impossible. Et nous sommes appelés à rentrer dans cette démarche d’écoute, d’approfondissement de la connaissance de l’autre dans lequel il y a toujours une part de mystère, de découverte, d’abnégation. Réalités qui font partie intégrante de l’humilité.

Chacun d’entre nous est appelé aussi à rentrer en relation avec lui-même :
Avant, par exemple, pour ne pas broyer du noir, nous allions au cinéma, au théâtre, au musée, ou tout simplement marcher. Nous nous donnions à corps perdu dans notre travail, dans nos engagements associatifs, paroissiaux… Façon de fuir le face à face avec soi.

Dans cette période de confinement, cela est désormais impossible. Nous sommes donc invités à découvrir qui nous sommes, humblement, sous le regard de notre Créateur, autrement dit en vérité. Vivre avec nos travers, mais surtout découvrir nos beautés, nos grandeurs et en rendre grâce.

Ce ne sont que deux réalités parmi tant d’autres.

Fr Joseph Banoub (assistant régional)