Archives de catégorie : Parcours biblique

LES DEUX BETES (ch. 13)

  1. la BETE qui MONTE de la MER (13, 1-10) – L’imagerie est empruntée à Daniel, dont les « 4 bêtes » symbolisaient les empires, mais qui vont être fusionnées par Jean en un monstre hybride revêtu des attributions de ces 4 bêtes :
    (Daniel 7, 2-8) – « Au cours de la nuit, dans ma vision, je regardais …Quatre bêtes énormes sortirent de la mer, … La première ressemblait à un lion, et elle avait des ailes d’aigle … La deuxième bête ressemblait à un ours ; … Je continuais à regarder : je vis une autre bête, qui ressemblait à une panthère ; … Puis, … je vis une quatrième bête, terrible, effrayante, extraordinairement puissante ; elle avait des dents de fer énormes ; elle dévorait, déchiquetait et piétinait tout ce qui restait. Elle était différente des trois autres bêtes, et elle avait dix cornes. Comme je considérais ces cornes, il en poussa une autre, plus petite, au milieu ; trois des premières cornes furent arrachées devant celle-ci. Et cette corne avait des yeux comme des yeux d’homme, et une bouche qui tenait des propos délirants. « 
    — La mer : double allusion
    1) géographique : la Méditerranée, tout entière contrôlée par Rome.
    2) Biblique : le repaire du mal et de la mort, la patrie des monstres.

10 cornes : très grande puissance, ou allusion à 10 rois vassaux ? étant donné aussi les 10 diadèmes ?
… On dirait le chiffre du Dragon. Ce que confirme ce qui suit : « le dragon lui donna sa puissance ».
La bête ne cesse de proférer des blasphèmes : allusion aux titres divins que revendiquent les empereurs, ainsi qu’aux injures à Dieu et au Christ.
pouvoir d’agir durant 42 mois : toujours le même temps limité, ici celui de la persécution.
les habitants de la terre : ceux qui adorent la bête, par opposition aux chrétiens dont les noms sont inscrits dans les cieux (cf. Luc 10, 20 :  » Réjouissez-vous de ce que vos noms sont inscrits dans les cieux ! « )
Si quelqu’un est destiné à la captivité… : Chaque chrétien doit s’arcbouter à la non-violence absolue, et accepter sans se révolter le genre d’épreuve qui lui est destiné. Comme pour Jésus, Dieu n’empêchera rien.

  1. La BETE qui MONTE de la TERRE (13, 11-18) – C’est le pouvoir religieux sacerdotal du temps, tout dévoué à 1’Empereur. Il va plagier les références chrétiennes.
    La Terre : L’Asie mineure et même tout le Moyen Orient, d’où sont venues toutes les religions importantes, ainsi que les « cultes à mystères ». C’est la terre des « 7 églises chrétiennes » que Jean connaît.
    2 cornes : comme 1’Agneau ! La Bête se déguise en faux Christ (Jean l’appellera plus loin « faux prophète« ). Jésus avait parlé de  » loups qui se déguiseraient en brebis  » (Mt 24, 11).
    Toute la puissance de la 1ère Bête : La Religion païenne va prêter toute son influence à l’autorité romaine en faisant la promotion du culte impérial et en réglant sa mise en œuvre :
  • organisation de la liturgie (prières, encensements, prosternements, etc.)
  • Erection et adoration de statues de l’empereur (allusion à la statue de Nabuchodonosor de Daniel 3, 5).
  • propagande pour l’insolite : miracles, déclenchement du feu du ciel pour copier Elie (1 R 18, 38).
    : animations truquées des statues de l’Empereur.
  • tatouage obligatoire des citoyens au nom ou au chiffre de l’Empereur, sinon ostracisme et boycottage commercial pour les chrétiens, sans compter les poursuites éventuelles.
    … donc à la fois séduction et contrainte possible du pouvoir clérical.
    — le fameux chiffre de la Bête de la Mer : 666 (ou 616 ?) : Néron ou Domitien, identifiés par le procédé de la « gématrie » (où les lettres de l’alphabet peuvent aussi désigner des chiffres).

L’AGNEAU et ses FIDELES

Au triomphe apparent des 2 Bêtes sur la terre, lieu des pires tyrannies, quel est le vrai sort des chrétiens persécutés ?

  • Ils partagent dès maintenant la gloire de 1’Agneau immolé.
    Telle est l’échappée de lumière venant du ciel, qui sert de répondant et de contraste à la situation tragique des fidèles ici-bas.
    L’Agneau est debout : en position de ressuscité – Sur le mont Sion : lieu classique du rassemblement des sauvés (Joël 3, 5).
    et 144.000 avec lui : ici, ce n’est plus la totalité d’Israël (12 tribus), mais la plénitude de l’Eglise, le nouvel Israël (sous la houlette des 12 Apôtres).
    — avec sur le front, non pas le signe de la Bête, mais le nom de l’Agneau et de son Père (Remarquer une nouvelle fois l’égalité parfaite du Père et du Fils).
    — Ils chantent un cantique nouveau. Quel cantique ? – Le même que le Cantique du ch. 5, 8-10 en l’honneur de l’Agneau. Or ce cantique célébrait son œuvre de rédemption. C’est bien pourquoi seuls les « rachetés » le savent et sont tout désignés pour l’entonner.
    ils ne se sont pas souillés avec des femmes, car ils sont vierges. Il ne s’agit pas de la continence, mais de l’idolâtrie (traditionnellement dans l’Ecriture « culte des idoles », donc « prostitution »). Autrement dit : « ils n’ont pas accepté de rendre un culte à l’Empereur ».
    ils suivent l’Agneau partout où il va : fidélité, au besoin jusqu’à la croix.
    Ils ont été rachetés comme prémices : non pas comme « premiers fruits » de l’humanité, ni comme « élite chrétienne », mais comme « lot de Dieu » prélevé sur l’ensemble et « mis à part pour son culte ».
  • Dans leur bouche pas de mensonge : pas de parodie de culte, pas de singerie du christianisme, pas de recours au faux-semblant, comme ne cesse de s’y essayer le culte idolâtrique, inspiré par le « père du mensonge », Satan, (cf. Jn 8, 44 :  » Lorsque le diable profère le mensonge, il puise dans son propre bien, parce qu’il est menteur et père du mensonge « .

    Fr Joseph

L’EGLISE AFFRONTÉE à la ROME TOTALITAIRE(12 – 20 – suite)

3ème Partie

_ Pas directement, car certains traits ne lui sont pas applicables (les 2 fuites au désert, les 12 étoiles qui désignent une collectivité, autrement dit les 12 tribus, des épisodes qui rappellent manifestement 1’exode et la genèse où l’on ne voit guère où serait sa place). En fait, la Femme, c’est
1. Le Peuple de Dieu (de qui viendra le Messie),
2. L’Eglise, nouveau Peuple de Dieu (qui revit le même destin que le premier),
3. Peut-être indirectement Marie, si on la voit comme l’exemplaire-type de l’Eglise.

_ de nouveau la FEMME (6) : elle s’enfuit au désert, lieu-type de la protection de Dieu, comme pour l’Exode, où elle est nourrie par Dieu. Ici, double allusion :
1. à la manne durant l’Exode,
2. à l’Eucharistie depuis l’institution de l’Eglise…
durant 1260 jours, temps limité des persécutions (temps limité parce que Satan n’a jamais droit à du « définitif »).

_ le DRAGON chassé du ciel (7-9) : Jean relève toutes les identités du Dragon : il est l’antique serpent, le diable (le dénonciateur), Satan, l’imposteur, tout ce qu’on a pensé de lui dans l’Ancien Testament.

_ Pourquoi est-il chassé du ciel à ce moment-ci ? Ne l’avait-il pas été dès avant la Création ? – Deux réponses possibles :

  1. La scène se passe au ciel, donc dans l’éternité, où il n’y a plus de temps. De ce fait il n’est pas interdit à Jean de concentrer et de fusionner en une scène unique toutes les interventions et échecs successifs de Satan que raconte l’Ecriture.
  2. Mais il n’est peut-être pas non plus sans signification que sa magistrale défenestration soit en lien avec la naissance de l’enfant mâle. Ne voudrait-on pas nous indiquer par-là que c’est précisément la perspective de l’Incarnation du Verbe qui aurait provoqué la révolte de Satan par jalousie contre l’homme ?

_ L’HYMNE de VICTOIRE des élus (10-12) pour célébrer la royauté définitive de Dieu et de son Christ. Victoire qui a été obtenue par le sang de l’Agneau (par la mort sanglante du Christ), qui est aussi la victoire des chrétiens martyrs, car ils ont préféré porter témoignage du Christ jusqu’à la mort.
_ Pourquoi Satan est-il désigné ici comme l’accusateur des chrétiens devant Dieu ?
_ Parce qu’il croit pouvoir dénoncer les chrétiens comme blasphémateurs, puisqu’ils disent que Jésus de Nazareth est Dieu (Satan = qui dénonce). A l’inverse, l’Esprit Saint « Paraclet » sera 1’Anti-Satan, puisqu’il se fera au contraire leur avocat devant Dieu.

_ La FEMME de nouveau poursuivie par le Dragon (13-18) c’est l’Eglise persécutée.
Les 2 ailes du grand aigle : symbole de l’Exode, lorsque Dieu rappelait à son peuple :  » Je vous ai portés sur les ailes d’aigle, et conduits jusqu’à moi  » (Ex. 19, 4 et Dt. 32, 11).
Le dragon (qui) vomît un fleuve d’eau derrière la femme est la manœuvre inverse de la mer passée à pieds secs lors de l’Exode. Mais la terre avale tout, comme elle avait, dans le désert, avalé 2 juifs rebelles à Moïse (Nb. 16, 2).
• Il s’en prend alors au reste de sa descendance. Son descendant par excellence étant l’Emmanuel, le reste de sa descendance, ce sont les chrétiens, les frères du Christ.
et il se dressa sur le rivage de la mer, guettant l’émergence du monstre marin, la Bête de la mer.

Frère Joseph

L’EGLISE AFFRONTÉE à la ROME TOTALITAIRE(12 – 20 – suite)

3ème partie

  • Une femme (12, 1-2) couronnée de 12 étoiles : c’est la « Fille de Sion » d’Isaïe personnifiant les 12 tribus d’Israël dont devait sortir le Messie, et dont Isaïe avait déjà célébré la parure stellaire (Is. 60, 20).
  • vêtue de soleil, la lune sous les pieds : elle a tous les attributs de la gloire. Pourquoi un tel rang ? Parce que Israël est l’épouse de Dieu (image fréquente chez Osée, Isaïe, Michée, Ezéchiel, le Cantique des cantiques et S. Paul).
  • dans les « tortures » de l’enfantement : allusion probable à la malédiction primitive au Jardin d’Eden, mais aussi aux espérances sans cesse déçues et reportées en Israël concernant la venue du Messie, et surtout au drame de la Passion à travers lequel devait s’opérer la solennelle naissance au ciel du Christ comme Seigneur de l’univers.
  • Un dragon (12, 3-4) « épiant » la femme : c’est le même terme que lors de la scène du Paradis terrestre, où l’on voit le serpent s’en prendre à la femme dès le début de l’humanité.
  • rouge feu : couleur du sang du meurtre ?
  • 7 têtes : intelligence suprême ? Rome aux 7 collines ?… et autant de diadèmes : pouvoir royal-impérial.
  • 10 cornes : très grande puissance, mais pas illimitée (10 n’est ni 7 ni 12).
  • balayant de sa queue le tiers des étoiles : réminiscence de Daniel 8, 10 qui décrivait ainsi la capacité de sauvagerie destructrice du despote Antiochus Epiphane.
  • Un enfant (12, 4-5), un bébé mâle « qui gouvernera les peuples avec une verge de fer » (Ps.2, 9) : le Messie, tout de suite emporté auprès de Dieu = la Résurrection-Ascension.
  • Mais ce raccourci curieux pose question. Pourquoi Jean fait-il l’impasse sur les 30 années de la vie cachée de Jésus, comme si de la naissance à la mort/résurrection il ne s’était rien passé ? – C’est que pour Jean l’intention est autre : il veut nous faire saisir que la Femme et le Messie sont des personnalités redoublées (un peu comme des frères ou des sœurs siamoises), et que dans son film l’une doit prendre tambour battant le relais de l’autre, sans se faire scrupule de télescoper les étapes (Encore une fois Jean ne décrit pas, il signifie ; il ne peint pas, il veut faire saisir une vérité de foi).
  1. Ainsi le Messie enfanté n’est pas seulement celui qu’attendait Israël (l’incarnation), mais le Messie douloureusement enfanté le Vendredi-Saint et solennellement intronisé à la Résurrection comme Seigneur de tout l’univers (Pâques). Car pour Jean l’important c’est Pâques, puisque c’est la résurrection qui révèle avec fulgurance le vrai Messie.
  2. De même la Femme n’est pas seulement le peuple d’Israël, autrefois protégé par Dieu au désert, et qui allait enfanter le Messie. Elle est aussi l’Eglise, la communauté des disciples de Jésus, qui dut contribuer, dans le drame de la Passion, à la naissance au ciel de son Seigneur, avant de devoir être poursuivie, elle aussi, par la vindicte persécutrice de Satan.
    (Jean 16, 20-22) – «  Vous allez gémir et vous lamenter, tandis que le monde se réjouira ; vous serez affligés, mais votre affliction tournera en joie. Lorsque la femme enfante, elle est dans 1’affliction, puisque son heure est venue ; mais quand elle a enfanté, elle oublie les douleurs, dans la joie qu’un homme soit venu au monde. Vous êtes donc maintenant dans l’affliction ; mais je vous verrai à nouveau, votre cœur se réjouira, et cette joie nul ne vous la ravira. »

    Fr Joseph

L’EGLISE AFFRONTÉE à la ROME TOTALITAIRE(12 – 20)

Après les Lettres aux 7 églises (ch.1-3), puis la rupture de l’Eglise avec Israël (4-11), nous abordons la 3ème partie du livre, l’Eglise affrontée à la Rome totalitaire (12-20) – Elle comporte 4 sections :

  1. Les personnages du drame : une femme, son enfant, un dragon, l’archange Michel, les 2 bêtes, l’Agneau et ses fidèles. Et comment le scénario se joue d’abord au ciel, puis ici-bas (ch. 12 à 14, 5).
  2. L’heure solennelle du jugement, avec les « 7 coupes » (ch. 14, 6 à 16).
  3. Le châtiment de Rome-Babylone (ch. 17 à 19, 10).
  4. Le triomphe divin de la fin des temps (ch. 19, 11 à 20).

L’Enfant, la Femme et le Dragon (12, 1-18)
Sous forme d’allégorie, c’est tout le drame du Salut qui nous est présenté. Pour Jean il se joue sur 2 scènes : au ciel, puis sur terre ; car rien ne se passe ici-bas qui ne soit inscrit en même temps dans l’éternité.
D’autre part, le fond de décor est constamment le même : à la fois le Jardin d’Eden, prototype de l’affrontement de Satan avec la femme (Gn 3, 15), et la sortie d’Egypte, modèle de la victoire de Dieu contre Pharaon.
Donc, pour expliquer l’affrontement historique concret de l’Eglise de son temps avec les forces du mal ici-bas, et pour en garantir à l’avance l’issue heureuse, Jean nous en montre d’abord en résumé le scénario dans le ciel.

Un scénario grandiose et multiséculaire, car il retrace toute l’histoire du Salut sans cesse combattue par Satan. A savoir : depuis la création (la femme et le serpent au Jardin d’Eden) jusqu’à la Résurrection-Ascension (l’enfant mâle enlevé au ciel), en passant par l’élection d’Israël, sans cesse persécuté (la femme au désert), puis par l’Incarnation du Fils de Dieu (la femme « Fille de Sion » et son enfantement douloureux), enfin par le temps de l’Eglise, nouvel Israël, qui subit elle aussi, mais pour un temps limité, la persécution de Satan.
Et le film céleste se déroule en 4 scènes :

  1. Une femme enceinte, de condition prestigieuse, est menacée par un dragon plus que redoutable. Mais le bébé mâle, sitôt né, est enlevé à la droite de Dieu, et la mère mise en lieu sûr (12, 1-6).
  2. Branlebas de combat dans le ciel : Michel (Qui est comme Dieu ?) et les anges fidèles précipitent Satan et ses sbires sur la terre (12, 7-9).
  3. Joie des élus ! Car le salut est maintenant assuré par la victoire éclatante et définitive de Dieu, de son Fils l’Agneau et des martyrs chrétiens sur le dragon et son armée (12, 10-12).
  4. Même si Satan, maintenant déchaîné sur la terre – dont il est apparemment le prince – peut poursuivre la Femme (= Israël au désert), puis s’en prendre au reste de sa descendance (les chrétiens), son action ne sera que provisoire, c’est un prince déjà virtuellement dépossédé (12, 13-18).

Fr Joseph

Les 7 trompettes (8-11 suite)

Personne, vraiment ne se convertira ?. . .
Si !… Car vient à présent l’essor de l’Evangélisation, symbolisée par les 3 scènes du « petit livre » (la Bonne Nouvelle de Jésus), de la « mesure du Temple » (la mise à part d’un « petit reste » d’Israël), et des « deux témoins » (les missionnaires de l’Evangile),

1. L’Ange et le PETIT LIVRE – Jean s’inspire manifestement de Daniel et d’Ézéchiel :
(Daniel 12, 7) –  » Et j ‘entendis parler l ‘Ange qui se tenait au-dessus des eaux du fleuve; IL éleva vers le ciel sa main droite et sa main gauche, et il jura par Celui qui vit dans les siècles : quand sera accomplie la destruction de la puissance du peuple saint, alors tous ces événements s’accompliront. »
(Ezéchiel 2, 9 – 3, 3) –  » Une main s’avança vers moi qui tenait un livre roulé; on le déroula devant moi, et il portait des choses écrites sur le recto et le verso; on y avait écrit des lamentations, des gémissements, des menaces. Et il me dit : « Fils d’homme, ce rouleau. . . Je le mangeai, et dans ma bouche ce fut comme du miel délicieux. « 

– L’Ange : il « descend du ciel », donc Jean n’est plus dans le ciel, mais sur terre.
: il a des traits majestueux qui rappellent ceux du Fils de l’Homme (vêtu d’une nuée, nimbé d’un arc-en-ciel, visage de soleil, jambes de feu). Ce n’est pas le Christ (qui est au ciel), c’est son représentant.
: il a les pieds sur « terre et mer » (tout l’univers) : l’Evangile doit parvenir à la terre entière.

Le Petit livre que l’Ange tient en mains, plus petit que le précédent des 7 sceaux qui symbolisait l’A. T. c’est l’Annonce évangélique, le message de Jésus.

« Il n’y aura plus de temps »… : quand sonnera la 7° trompette, ce sera l’éternité.

Douceur et amertume : manger le livre, c’est se pénétrer de la Parole du Christ. Mais si la voix est douce, la tâche est dure.

« Il faut à nouveau prophétiser contre des peuples nombreux » (v.11) = Ce sera l’objet de la 2ème partie de l’apocalypse (le combat de la Rome païenne contre l’Église du Christ).

– Jean est invité à « mesurer le Temple de Dieu, mais pas le « parvis extérieur ».
(Ezéchiel 40, 3) –  » Le Seigneur m’amena à Jérusalem; et voici, il y avait un homme dont l’aspect était comme celui de l’airain et qui tenait un cordeau d’architecte et une toise à mesurer ; il se tenait près de la porte. « 

la mesure = en général un symbole de protection, comme le « sceau » sur le front dont sont marqués les justes.

le Temple mesuré (avec ses adorateurs) = l’Israël converti à Jésus Christ = les vrais adorateurs du Père.
Le parvis extérieur = la synagogue, qui est rejetée.

– pendant 42 mois (= 3 ans 1/2), période durant laquelle le Temple fut profané par Antiochus, sous Daniel.
Période limitée durant laquelle l’Eglise, avec la permission de Dieu, subira le joug des nations.

– D’une vision de Zacharie, Jean a retenu la mention de « 2 témoins », symbolisés par 2 oliviers de chaque côté d’un candélabre.

(Zacharie 4, 1-3.11-14) –  » L’Ange me dit : « que vois-tu ? » – Je répondis : « Voici ce qui se présente à ma vue : un chandelier tout en or, et au-dessus un petit flambeau; il est surmonté de 7 lampes et de 7 conduites pour les 7 lampes qu’il porte. Au-dessus du chandelier, il y a 2 oliviers, l’un à droite du flambeau et l’autre à gauche. » Je repris pour demander :  » Qu’est-ce que ces 2 oliviers ? » L’Ange repartit : « Comment, tu ne le sais pas ? » – ‘Mon, Seigneur » – « Ce sont les deux fils de l’onction, ils se tiennent devant le Seigneur de toute la terre. « 

– Pour Zacharie, ces 2 hommes consacrés par l’onction étaient le grand prêtre Josué et le prince royal Zorobabel, autrement dit le pouvoir sacerdotal et le pouvoir royal, qui avaient toute la confiance du Seigneur.
De plus, le Judaïsme postérieur a vu dans ce texte de Zacharie la prophétie de la venue du Messie et du Grand prêtre des derniers temps.

– Pour Jean, ces « 2 témoins » sont des figures allégoriques, qui sont certainement en rapport avec l’Evangélisation : celle-ci opère avec puissance, elle dérange et déclenche l’hostilité et la persécution.

Mais qui sont exactement ces 2 Témoins ? – Les exégètes se perdent en conjectures : Jean-Baptiste et Jésus ? Etienne et Jacques, les 2 premiers martyrs ? Pierre et Paul ? Des personnalités ou fonctions collectives, comme l’église enseignante et l’église exhortante ? La Royauté et le Sacerdoce réunis en 1 seule personne = Jésus ?

1/- Ils ont quelque chose de MOÏSE et d’ELIE (la Loi et le Prophétisme) – Or dans le judaïsme contemporain on les attendait comme précurseurs du Messie. Car ils devaient revenir : Moïse selon Dt. 18, 18, Elie selon Malachie 3, 23 et Siracide 48, 10 ; ou même les deux ensemble, comme en témoigne la Transfiguration (Mt. 17, 3).

– « changer l’eau en sang », c’est ce que fit Moïse (Ex. 7, 17) ; arrêter la pluie durant 3 ans, c’est ce que fit Elie (1 R 17, 1).

– ils sont invulnérables ; « vomir du feu contre les ennemis », cela rappelle le prophète Elie.

2/- Mais ils ont surtout quelque chose de Jésus (mort violente, tremblement de terre, résurrection). Quoi qu’il en soit de leur identification, ces évangélisateurs-témoins sont étroitement configurés à Jésus-Témoin, selon les deux sens du mot « témoignage » (à la fois proclamation d’une vérité et martyre).

– ils prophétisent durant 1260 jours (3ans 1/2) = temps limité,

ils rendent témoignage… d’abord d’une vérité : ce que fut Jésus, fils unique de Dieu, mort et ressus-cité, sauveur du monde. Pour Jean « témoignage » = souvent « martyre », mais ici c’est d’abord la prédication précédant le martyre.

– ils seront tués par la Bête qui monte de l’abîme = par Rome aux mains de Satan,

– tout le monde se réjouit de leur mort (cf. Jésus),
– leur corps reste sans sépulture 3 jours 1/2 sur la place publique de Sodome-Jérusalem (? énigme…)

– Après quoi, ils montent au ciel (allusion à la Résurrection de Jésus ? ou récompense anticipée des martyrs ?

tremblement de terre… 7000 tués… tous rendent gloire à Dieu,


– Elle sonne l’heure du triomphe définitif de Dieu et de son Christ, que le « Peuple de Dieu » (les 24 anciens) célèbre dans la jubilation.
Les 24 anciens, le véritable Israël, reconnaissent que la véritable Alliance s’est établie avec Jésus.
– « La Royauté du monde acquise à notre Seigneur et à son Christ » est une citation du Ps. 2, 2.
– « Toi qui es et qui étais« , Jean n’ajoute plus « et qui viens« … car Dieu est déjà là.
A la « colère des nations » répond la « colère de Dieu », c’est à dire la punition des impies, et c’est cela le 3ème malheur, malheur pour les méchants, bien sûr, et non pour les justes. Malheur surtout pour Israël endurci.
Le Temple dans le ciel s’ouvre, et apparaît l’Arche d’Alliance… L’Arche était un coffret de cèdre qui séjourna longtemps dans le « Saint des Saints » du Temple de Jérusalem. Il contenait les 2 Tables de la Loi + le Bâton de Moïse + un petit vase contenant de la manne d’autrefois lors du séjour au désert.
– Selon Exode 23, Moïse avait fabriqué l’Arche d’après un modèle qui se trouvait au ciel.
– Quand le Temple fut complètement détruit et incendié par Nabuchodonosor en -587, une tradition juive voulut que Dieu ait miraculeusement sauvé l’Arche et l’ait mis en réserve auprès de lui dans son ciel, et qu’un jour viendrait à la fin des temps où le ciel s’ouvrirait pour la faire apparaître à tout l’univers.
– le Temple s’ouvre en effet et l’Arche apparaît… Jean n’en dit pas plus, mais on peut deviner ce que cela implique dans sa pensée :

➡️ Plus de murs ni de portes ni de rideaux pour cacher le « Saint des Saints » : il est ouvert, tout le monde peut avoir accès à ce symbole de la présence de Dieu, donc à Dieu lui-même.

➡️ II s’agit d’une Arche d’Alliance, ce qui veut dire qu’une Nouvelle Alliance succède à l’Ancienne, ouverte maintenant à toutes les nations.
… Mais l’histoire continue, et l’Eglise va se heurter à un nouvel opposant redoutable, la Rome impie.

Fr Joseph

Les 7 trompettes  (ch. 8-11)

Deux parties symétriques, où le conflit avec Israël est décrit sous 2 formes :

Prélude aux 7 trompettes (8, 2-5)
Au ciel, un ange fait monter devant Dieu, sous le symbole de l’encens, la grande prière des saints,    appelant avec impa­tience la venue suprême du Seigneur

(Psaume 141) –  » Que ma prière devant Toi s’élève comme un encens…« 
Mais avant de se réaliser, la venue suprême du Seigneur va d’abord être précédée d’une série d’avertissements dramatiques, annoncés par la pelletée de feu jetée par l’ange sur la terre.

(Ezéchiel 10, 2) –  » Va et remplis tes mains de charbons ardents pris chez les chérubins, et répands-les sur la ville. « 
 
Les 6 premières trompettes (8, 6 – 9, 21)
Ces fléaux sont inspirés des « plaies d’Egypte », traditionnellement tenues pour le type des punitions  divines
 
4 fléaux cosmiques (8, 6-12) – Jean schématise et amplifie les « plaies traditionnelles ». Surtout il les voit infligées maintenant non plus aux seuls païens, mais aux israélites rétifs. Mais tous ne seront pas exterminés.

➡️ 1ère  trompette : sur terre = grêle, feu et sang (1/3 de la terre consumée) = 7ème plaie d’Egypte :

(Exode 9, 22-24) –  » Moïse étendit sa main vers le ciel et le Seigneur fit tomber le tonnerre et la grêle, et le feu descendit sur la terre… « 
 (Joël 3, 3) –  » Je produirai des prodiges dans le ciel, et sur la terre verserai du sang, du feu et des nuages de fumée. « 


➡️ 2ème trompette : montagne de feu tombant dans la mer, qui se trouve changée en sang (1/3 des navires sont détruits) – (Eruption catastrophique du Vésuve en 79 ?).


➡️ 3ème trompette : fleuves et sources empoisonnés par l’étoile « absinthe » tombée du ciel :
(Isaïe 14, 12) –  » Comment est-elle tombée du ciel l’étoile du matin ?… « 
(Jérémie 9, 14) –  » Voici, je nourrirai ce peuple d’absinthe… « 

➡️ 4ème trompette : dans le ciel, les astres perdent 1/3 de leur lumière = 9ème plaie d’Egypte.

(Exode 10, 21) –  » Moïse étendit sa main vers le ciel, et il y eut d’épaisses ténèbres sur tout le pays d’Egypte pendant trois jours. « 

2 fléaux humains (9, 1-19) – Jean fait peut-être allusion à des épisodes de la Guerre juive contre Rome. Ces fléaux sont annoncés par un aigle (l’emblème impérial?) qui signale l’imminence de  » 3 malheurs  » (8, 13).
 
➡️ 5ème trompette et 1er malheur (9, 1-11) : un ange déchu allume une fournaise dans un puits, d’où sort   une invasion de sauterelles-scorpions, vrais monstres d’enfer, dont les piqûres provoquent un vrai martyre durant 5 mois – Jean s’inspire de la 8ème plaie d’Egypte, déjà rappelée et grossie autrefois par Joël :

(Exode 10, 12-15) –  » Moïse leva son bâton vers le ciel et il amena sur le pays un vent du Sud… Au matin le vent du Sud amena les sauterelles ; il les introduisit dans toute la terre d’Egypte… Avant ces sauterelles, il n’y en avait jamais eu de pareilles, et après elles il n’y en aura plus de cette sorte… »
(Joël 1, 15 – 2, 5) –  » Hélas, hélas, hélas, quel jour ! Il est proche le jour du Seigneur, c’est comme un malheur qui en suit un autre… Un peuple nombreux et fort envahira les montagnes. De semblable à lui il n’en a jamais existé au monde, et après lui il ne s’en trouvera plus… Devant lui le pays est un paradis délicieux, et derrière lui c’est une plaine déserte… Leur aspect était comme celui des chevaux… Tandis qu’ils s’élancent sur les sommets des montagnes, on entend comme un bruit de char… C’est comme un peuple nombreux et puissant équipé pour la bataille… « 


(Peut-être Jean fait-il allusion aux troubles graves qui se produisirent en Palestine en 66 durant 5 mois, et qui furent sauvagement réprimés par Gessius Florus ?)

➡️ 6ème trompette et 2ème malheur (9, 12-19) : déchaînement d’une cavalerie fantastique, retenue jusque-là sur l’Euphrate ; 1/3 des hommes sont exterminés.
(Peut-être une allusion à l’épisode final de la Guerre juive, quand Titus mobilisa les légions stationnées sur l’Euphrate pour venir à bout de la rébellion, ce qui amena en 70 la ruine de Jérusalem ?)

– Impénitence obstinée (9, 20-21) = Hélas, malgré ces avertissements, personne ne se convertit …!
 
Fr Joseph

OUVERTURE des 7 SCEAUX (ch.6 à 8, 1 – suite)

– L’ouverture du 6ème sceau déclenche un bouleversement cosmique (6, 12-15)
II est intéressant de noter que l’auteur de l’Apocalypse ne dit rien d’autre que ce que disait Jésus à propos de la fin du monde :

Marc 13Luc 21Matthieu 24Apocalypse 6
guerresguerresguerresguerres (6)
tremblements de terretremblements de terrefaminefamine
faminespestepestepeste (8)
persécutionsfaminetremblement de terrepersécutions (9-11)
phénomènes célestesphénomènes célestes terrifiantspersécutionstremblements de terres
persécutionsphénomènes célestes terrifiantsphénomènes célestes terrifiants
phénomènes cosmiques
effroieffroi des hommes (12-14)

Isaïe 34, 4 –  » Toutes les puissances des cieux seront consumées, le ciel sera enroulé comme un livre, et tous les astres tomberont, comme les feuilles d’une vigne, comme les feuilles d’un figuier « .
➡️ D’où une panique générale (15-16)
• elle est universelle, il s’agit de l’humanité entière,
• elle va des plus grands aux plus humbles, dans une énumération de 7 catégories d’hommes.
• elle a pour motif la colère conjointe de Dieu et de l’Agneau, le « jour de la colère » signifiant dans l’A.T. le jour final où Dieu va rendre justice. Donc, autre façon ici d’indiquer que l’Agneau partage ce pouvoir.
➡️ Et donc la question angoissante (17) : Qui donc pourra subsister ? La réponse est dans le ch. 7.

DIEU met les siens à l’abri (7/1-8) — En réchappera d’abord le « Reste » d’Israël, les 144.000…
➡️ La punition est suspendue : 4 anges retiennent les 4 vents, c.-à-d. les forces aveugles du cosmos. Et le salut pointe : un ange vient de l’Orient, d’où viennent en général les interventions salvifiques de Dieu.
➡️ Le front des justes est marqué d’un sceau : la scène est inspirée d’une scène fameuse du prophète Ezéchiel :  » Le Dieu d’Israël appela un homme vêtu de lin… et lui dit : « Passe au milieu de la ville, Jérusalem, et tu marqueras d’un TAU au front les hommes qui gémissent sur toutes les abominations qui se commettent au milieu d’elle« . Et aux autres il dit : « Tuez-les jusqu’à extermination, mais n’approchez pas de ceux qui sont marqués d’un signe » (9/4-6).

➡️ Ils sont 144.000 = 12 au carré X mille : ce n’est pas l’infini, c’est la plénitude des « justes » en Israël (les 12 tribus). Tout, absolument tout ce que Dieu a pu trouver comme « juste » en Israël, il le met à l’abri.

La grande FETE du CIEL (7/9-17) – En réchappera aussi la « foule innombrable » des élus du N.T. Un des plus beaux passages de 1’Apocalypse.
Isaïe 49/10
 » Ils n’auront plus faim, ils n’auront plus soif, et la chaleur du soleil ne les abattra plus ; mais celui qui a pitié d’eux les consolera et les conduira vers les sources d’eaux. « 
Isaïe 25/8
 » … Et le Seigneur essuiera toute larme sur tout visage… « 

➡️ Une « foule innombrable » cosmopolite (il s’agit donc de l’Eglise ouverte aux païens) – Tous en vêtements blancs (signe de l’appartenance au monde divin, donc des élus).
➡️ Qui sont-ils ? – Deux opinions, selon l’interprétation que l’on donne aux deux phrases : «  Ils viennent de la grande épreuve  » – «  ils ont lavé leur robe dans le sang de l’Agneau  » :

  1. Il s’agirait des martyrs chrétiens : la  » grande épreuve » étant le martyre, et leur martyre ayant été une participation à la Passion du Christ.
  2. Il s’agirait des chrétiens tout court, fidèles jusqu’au bout : la « grande épreuve » étant simplement la persécution, et leur « robe lavée dans le sang de l’Agneau » étant leur baptême (« baptisés dans la mort du Christ »).

➡️ Mais comment du sang peut-il laver ? – Rappelons-nous que les images de l’Apocalypse ne montrent pas, mais qu’elles signifient, voulant dire ici que leur martyre – ou leur baptême – a effacé toutes leurs fautes.
➡️ Tout le monde créé (anges, anciens, animaux) se prosterne et proclame un « septénaire » d’action de grâces à Dieu : remarquons qu’il est identique à celui qui était adressé plus haut à l’Agneau (5/12).
➡️ Le ciel pour les élus c’est l’intimité avec Dieu (ils sont « dans sa tente ») et avec l’Agneau (ils sont sous la houlette d’un Bon Berger). C’est une anticipation de la vision de la Jérusalem céleste des ch. 21-22.

Ouverture du 7ème sceau (8/1) – Rien. Le contenu, c’est le silence solennel d’une 1/2 heure…
Saisissement de joie ? Attente de l’avènement du « Jour du Seigneur » ? …

Fr. Joseph

OUVERTURE des 7 SCEAUX (ch.6 – 8, 1)

Généralités sur les Septénaires
1 – Le 7 indique que le message s’adresse à toute l’humanité, pour les menaces et pour le salut. On objectera que les 2 premiers septénaires visent Israël seul. – Oui, mais s’il subit les menaces, c’est dans la mesure, précisément, où il s’est aligné sur la mentalité et les mœurs de toute l’humanité païenne.
2 – Les 3 septénaires disent, chacun à sa façon, que la fin qui arrive est pour le jugement des méchants (colère), et pour le triomphe définitif des fidèles (fête céleste). Ne jamais oublier l’un des deux éléments.
On ne retient en général de 1’Apocalypse que le déchaînement de la colère divine. Mais cet élément redoutable n’est que l’une des 4 parties du septénaire, laquelle se trouve encadrée par 3 autres éléments portant, eux, sur la joie du salut. – Chaque septénaire présente donc la structure de base suivante :
a) D’abord un prélude (au ciel), où rayonne l’anticipation du salut (on en a ici l’illustration la plus grandiose aux ch. 4 et 5 : vision de Dieu, de l’Agneau et de leur culte) ;
b) Puis des signes avant-coureurs de la fin (sur terre) qui expriment la colère divine (ici le ch. 6 avec l’ouverture des 6 premiers sceaux).
c) Mais vient alors un délai-interlude (sur terre) qui déclenche ou raffermit l’espérance du salut (ch. 7, 1-8 qui décrit les 144.000 élus = le « Reste du véritable Israël » selon le cœur de Dieu) ;
d) Enfin la scène triomphale (au ciel) du salut définitif (la « foule innombrable » du ch. 7, 9-17).

Ouverture des 6 premiers sceaux (ch. 6 et 7) = Dieu intervient pour juger son peuple rétif.

Le mouvement du texte :

  1. Israël coupable subit la punition (6, 1-16).
  2. Mais alors, personne ne pourra-t-il en réchapper ? (6, 17)
  3. Si ! En réchappera, le véritable « reste » d’Israël, les 144.000… (7, 1-8)
    Et en réchappera aussi la « foule innombrable » des élus de tous pays (7, 9-17).

L’ouverture des 4 premiers sceaux = la scène célèbre entre toutes des 4 cavaliers de 1’Apocalypse. L’image vient de la vision des 4 chars de Zacharie 6, 1-5 :  » Je levai les yeux et je vis : 4 chars sortaient d’entre les deux montagnes (séparant le ciel et la terre)… Au 1er char il y avait des chevaux rouges, au 2ème des chevaux noirs, au 3ème des chevaux blancs, au 4ème des chevaux pie… Ce sont les 4 vents du ciel, me dit l’ange…« 

=> on identifie aisément les fléaux 2, 3 et 4 = la guerre (rouge), la famine (noir) et la mort (vert)

=> Mais qui chevauche le cheval blanc ?
– Le Christ, disent certains, vu la couleur blanche (signe d’apparte¬nance au camp de Dieu dans 1″Apocalypse), et vu le rapprochement à faire avec le cavalier blanc au ch. 19, 11-13.
– Impossible, disent les autres, car on ne peut séparer ce cavalier des 3 autres : ils forment tous les quatre un groupe homogène, et manifestement maléfique.
– Ne serait-ce pas Dieu lui-même intervenant pour punir ? – II porte une « couronne » (emblème de victoire). Surtout son « arc et ses flèches » rappellent étrangement deux prophètes :
Ezéchiel 5, 16-17 –  » … je lancerai contre eux les flèches sinistres de la famine, les flèches de l’exter¬mination. .. La peste et le sang passeront chez toi, et l’épée viendra contre toi. « 
Habacuc 3, 1-17 –  » Seigneur… dans ta fureur, souviens-toi d’avoir pitié !… Devant le Seigneur marche la peste et la fièvre suit ses pas… Est-ce contre les fleuves, Yahvé, que tu montes sur tes chevaux, sur tes chars de victoire ? Tu tends ton arc, de traits tu rassasies sa corde… Le figuier ne fleurit pas, pas de récolte dans les vignes, et les champs ne donnent rien à manger.« 
Aucun doute pour nos 2 prophètes : Dieu est bien associé à la guerre, la famine et la mort.

L’ouverture du 5° sceau = la persécution des fidèles, un des signes avant-coureurs de la fin.

Il s’agit des martyrs de l’A.T. qui réclament justice, dans une tonalité d’A.T. (« Si nos persécuteurs restent impunis, notre martyre n’aurait-il servi à rien, n’aurait-il aucun sens ? »)
On leur remet un vêtement blanc (signe d’entrée dans l’immortalité, d’appartenance céleste). Et on leur dit de patienter jusqu’à ce que leur nombre soit complété (par les martyrs à venir du N.T.)
Ils sont « sous l’autel » parce que dans les sacrifices du Temple le sang des victimes était recueilli sous l’autel.

Fr Joseph

Le LIVRE aux 7 SCEAUX, l’ AGNEAU et son CULTE (ch. 5)

  • Il s’agit manifestement du livre de la Torah
  • Se trouve « dans la main droite » de Dieu = L’Ecriture traduit sa Parole, sa pensée et sa volonté.
  • Personne n’en a la clé ! = le sens plénier de l’Ecriture échappe encore jusqu’ici aux juifs (« ils la lisent avec un bandeau sur les yeux… » dit Paul 2 C 3, 15 – « Notre cœur n’était-il pas tout brûlant lorsqu’il nous ouvrait les Ecritures ? » disent les disciples d’Emmaüs : Lc 24, 32).
  • Si ! Quelqu’un en a la clé, dit un « ancien », c’est le Messie, appelé aussi par la tradition « lion de Juda » (Gn. 49, 9) et « rejeton de David » (1S. 11, 1). Et quel est ce Messie qui va paraître ? Un agneau égorgé…!
  • 7 cornes, 7 yeux… = la totalité de la puissance, et la totalité de l’Esprit Saint.
  • au milieu des 24 anciens et des 4 animaux = au centre de l’histoire humaine du Salut et au centre de la création.
  • Pourquoi désigne-t-on maintenant comme un « Agneau égorgé« , le Messie désigné auparavant comme « Fils d’homme » ?

1- Jésus était le « Serviteur souffrant » d’Is.53, 7, représenté sous les traits d’un agneau que l’on va égorger.
2- Il était aussi 1′ »agneau pascal » d’Ex.12, 3, et tous 2 par leur immolation ont assuré le salut du peuple élu.
3- Il est enfin l’Agneau royal et glorieux, doté de cornes symbolisant la puissance du Messie, selon une tradition.
Ainsi le Christ-Agneau, non seulement accomplit l’Ecriture, mais égorgé garde là-haut éternellement les cicatrices de sa Passion, témoignant ainsi (contre les gnostiques) de tout le sérieux et le poids de l’Incarnation. Le retour en gloire du Christ ne gomme pas le sacrifice, le glorifié reste à jamais le crucifié, et c’est à ce titre qu’il peut chaque jour rendre présent son « sacrifice » dans nos Eucharisties.

  • les 4 animaux et les 24 anciens font les mêmes gestes d’adoration envers 1’Agneau que plus haut envers Dieu, et lui décernent les mêmes titres de louange qu’à Dieu : « puissance, honneur et gloire »,
  • Ce n’est plus une louange pour la Création, mais pour la Rédemption. Et on souligne sa portée universelle (« toutes tribus… »). Son efficacité : elle fait de tous les chrétiens des « prêtres et des rois ». Enfin sa modalité sacrificielle : elle fut acquise « par son sang ».
  • Cette louange à 1’Agneau est proclamée par la création tout entière, les hommes et les animaux. Comme pour Dieu.

Fr Joseph

DIEU EN MAJESTÉ, L’AGNEAU et le LIVRE aux 7 SCEAUX (ch. 4-7)

Jean s’inspire manifestement des prophètes Isaïe et Ezéchiel
Isaïe 6, 1-5 –  » L’année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur assis sur un trône… Des séraphins se tenaient auprès de lui, ayant chacun six ailes… Ils se criaient l’un à l’autre « Saint, saint, saint est YHWH Sabaot ! Toute la terre est remplie de sa gloire… « 
Ezéchiel 1, 4-10 – « Je regardai et voici :… au milieu d’une lumière éclatante on voyait briller comme de l’or, où l’on discernait comme quatre animaux… Leurs visages ressemblaient à celui d’un homme ; à celui d’un lion sur la droite chez tous les quatre, à celui d’un taureau sur la gauche chez tous les quatre, à celui d’un aigle chez tous les quatre.. « 

1_ Les personnages, les objets : Jean va voir devant Dieu l’humanité sanctifiée et le monde créé (4, 1-8).

  • L’Esprit Saint, qui emmène Jean au ciel,
  • un Trône : le mot revient 44 fois dans l’Apocalypse, signe que celui du ciel transcende tous ceux de la terre.
  • Quelqu’un… On évitait de nommer Dieu en Israël, sinon par périphrase : le « Vivant », 1′ »Ancien des jours »…
  • devant le trône 7 lampes, les 7 esprits de Dieu = L’Esprit Saint
  • 24 ANCIENS, assis sur 24 trônes autour du trône central. Qui sont-ils ? – Des hommes, non des Anges (car dans la Bible jamais les anges ne sont nommés « anciens », ni ne siègent sur des trônes, ni ne portent des couronnes). Ce sont les saints de l’A.T. – Pourquoi 24 ? Deux hypothèses :
  • soit les 24 Prophètes, (une tradition juive comptait les 24 auteurs des 24 livres de l’AT).
  • Soit les « Princes », comme étaient appelés les représentants des 24 classes sacerdotales (1 Ch. 24, 5). De toute façon, ils représentent le peuple de Dieu déjà présent au ciel, en somme l’humanité sanctifiée. Ils portent un costume sacerdotal (robe blanche) et royal (couronnes d’or).
  • 4 ANIMAUX : ce sont d’une part les 3 animaux les plus puissants, d’autre part l’homme qui sait les dompter. Ils représentent le monde créé, la création matérielle qui est honorée par Dieu puisqu’il ne l’exclut pas de son ciel. Ils sont « tout couverts d’yeux » parce que la création reflète Dieu, et ici son omniscience.

2_ La liturgie céleste en l’honneur de Dieu (4, 8-11)

  • C’est d’abord le monde créé (les 4 animaux) qui loue Dieu avec le triple « saint » d’Isaïe.
  • Les 24 anciens se prosternent, déposent leur couronne (en signe de vassalité) puis glorifient Dieu à leur tour. On s’aperçoit que la liturgie de l’Apocalypse commence par une louange à Dieu créateur. C’est le tout premier acte de Dieu.

Fr Joseph