Saint Jean Chapitre 13

Le christ, au nom du Père, accueille ses disciples dans la maison du Père (Jn 13, 1-20)

Ce geste de laver les pieds est un rite d’accueil en Orient, une déclaration d’hospitalité. Le voyageur a marché toute la journée, sous le soleil, et par des routes par toujours sûres : il a faim, il a soif, il est fatigué et a mal aux pieds, il était à la merci des détrousseurs. Et voilà que quelqu’un l’accueille, en commençant par lui faire laver les pieds. Le sens est clair : chez moi, tu seras comme chez toi ! Tu auras la paix, le repos, la fraîcheur, tu seras abreuvé et rassasié.

L’accueil dans la « maison du Père » est un des grands thèmes du « Discours après la Cène » :
• « Dans la maison de mon Père, il y a beaucoup de demeures ; sinon, vous aurai-je dit que j’allais vous préparer une place ? Lorsque je serai allé vous la préparer, je reviendrai et je vous prendrai avec moi… » (14, 2-3)
• « Père, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi » (17, 24)
• « Je monte vers mon Père et votre Père » (20, 17)
C’est donc un geste symbolique, par lequel le Christ inscrit dans les faits l’accueil des disciples dans le Royaume. Une manière de dire que du côté de Dieu, c’est fait.

Encore faut-il que les disciples consentent à être accueillis

• C’est précisément l’objet de la discussion de Jésus avec Pierre (13, 6-9) : Pierre ne saisit pas le symbole, il en reste au geste de propreté de Jésus « domestique »
** … Cet « accueil de l’accueil » avait déjà son prélude 2 jours plus tôt à Béthanie : Marie « accueille » Jésus – et avec quel prix ! lequel Jésus l’avait elle-même « accueillie » auparavant.
• En contraste, on a le refus de l’accueil par Judas (13, 10) : « … vous n’êtes pas tous propres »… et plus loin (13, 30) : « …Judas sortit immédiatement : il faisait nuit ».
** … Remarquer comment ce « refus de l’accueil » par Judas avait eu également son prélude à Béthanie, lorsqu’il s’était indigné du gaspillage de parfum par Marie (12, 5).


Aux disciples, à leur tour, d’accueillir les autres dans l’Eglise, et au Nom du Christ

« C’est un exemple que je vous ai donné : ce que j’ai fait pour vous, faites-le, vous aussi » (13, 15). Comment pratiquer l’accueil au nom du Christ ?
1_ Selon un comportement et un état d’esprit d’envoyé qui n’évacue pas l’envoyeur ! « l’envoyé n’est pas plus grand que celui qui l’envoie » (13, 16)
… et avec le dévouement du serviteur… qui ne prend pas la place du Maître ! « un serviteur n’est pas plus grand que son Maître » (13, 16).

Nous voyons donc que le personnage le plus important dans cette scène, c’est le Père, car c’est lui l’invitant suprême ; le Christ ne veut être que le délégué de son Père, l’envoyé, c’est pourquoi il prend la pose du serviteur. Aux Apôtres de jouer le même jeu de l’humilité-service, par rapport au véritable invitant qu’est le Christ pour l’entrée dans l’Eglise.

Une révélation de théologie trinitaire

La fin de l’épisode est encore plus impressionnante que l’entrée en matière : Jésus termine en faisant à ses disciples 2 révélations explicites et tout à fait capitales :

1_ Sur sa condition divine. On le voit aux passages suivants :
• « Vous m’appelez le Maître et le Seigneur… si je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et le Maître… » (13, 13-14). Le titre de Seigneur n’était donné qu’à Dieu.
• « … afin que, lorsque l’événement se produira, vous croyiez que Je Suis » (13, 19). La tournure est curieuse, à moins que ce « Je Suis » fasse allusion au nom divin du Sinaï, par lequel YHWH se faisait connaître à Moïse (Ex. 3, 13-15). Dans ce cas, Jésus n’hésite pas à s’attribuer le nom divin, signifiant par là qu’il porte en lui la présence divine et tous les pouvoirs divins.

2_ Autre révélation, sur les Trois Personnes divines. Témoin la toute dernière phrase : « En vérité, en vérité, je vous le dis, recevoir celui que j’enverrai, c’est me recevoir moi-même, et me recevoir c’est aussi recevoir Celui qui m’a envoyé » (13, 20). « Celui que j’enverrai », c’est à dire l’Esprit Saint… « Celui qui m’a envoyé », c’est le Père.

Conclusion
L’entrée en matière de cet épisode du « lavement des pieds », et sa conclusion d’autre part, sont trop solennelles et de portée transcendante, pour que le geste de la partie centrale soit une simple recommandation d’ordre moral. La toute première et la toute dernière phrases évoquent la figure du Père. C’est donc de Lui qu’il sera question, de sa Maison, et de l’accueil qu’il nous y réserve, par la médiation « servante » de son Fils.

Fr Joseph

Prière de juin

Seigneur, en ce début de journée, je place ma volonté dans la tienne, de telle sorte que je vive toutes mes actions de ce jour dans ta Divine Volonté.

Que son soleil se lève en moi et que mes actes ne fassent qu’un avec les tiens.

Que ma décision ne soit pas obscurcie par ma volonté propre, mon estime personnelle, mon insouciance ou ma négligence.

Gloire à toi Seigneur ! Amen.

(Luisa Piccaretta)

De Profundis Salvatore Satta

De Profundis. Salvatore Satta. Éditions Conférence. 369 pages. 30 €.
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« Giurascrittore » (juristécrivain), la profondeur et la hauteur de l’apport de Salvatore Satta à la philosophie du droit comme à la littérature du XXième siècle (et du nôtre) sont telles qu’il fallait bien un néologisme pour tenter de présenter cet auteur italien capital, à peu de chose près méconnu en France. Son œuvre plus proprement littéraire se compose d’un roman de jeunesse, La veranda, d’un roman qu’on pourrait dire d’adieu, Il Giorno del giudizio, dont la publication posthume connut un grand retentissement national et international, et de ce livre écrit au milieu de sa vie, entre juin 44 et avril 45, qui est une méditation sur la guerre et les vingt années de fascisme auxquelles la destitution et l’arrestation de Mussolini mirent fin (si l’on néglige la République de Salò) le 25 juillet 1943.

De Profundis, loin de la chronique, est une réflexion métahistorique en vingt-quatre chapitres dont le titre emprunté au psaume 130 dit assez l’inspiration spirituelle, échappant ainsi à tout débat partisan, bien que Satta fût fondamentalement opposé au fascisme. L’axe de cette réflexion est la « formidable revalorisation du péché originel » que constitue le mouvement qu’il voit, au moment où il écrit, culminer dans la destruction de sa patrie. Au-delà de Mussolini, des « hiérarques » complaisants qui l’abritaient et s’abritaient derrière lui, et des combinaisons macropolitiques au nom desquelles le peuple italien est sacrifié, l’artisan de l’atrocité, actif ou passif, est celui qu’il appelle « l’homme traditionnel que chacun porte en lui, et dont seule la destruction permettra d’établir le règne de Dieu sur terre ». L’homme traditionnel, ou « homme-ver », se caractérise par son souci « (…) de se lover dans son cocon, c’est-à-dire de créer autour de lui une sphère juridique, citadelle de son individualité et de son égoïsme ». La conception que Satta a du droit, fil dont est tissé le cocon de l’homme traditionnel, bouscule la représentation qu’on s’en fait, ou dénonce le manque de réflexion à son propos : « L’esprit de la loi résidait dans l’échange des libertés primordiales, mais très inconfortables, de tuer et de voler, avec la liberté de s’emparer, sous certaines conditions, des biens du monde ». Comme est illuminante sa conception de la liberté, synonyme de paix de l’esprit de qui se fie plus à l’observance des devoirs de la vertu qu’au droit, « (…) liberté qui ne se réduit pas à des termes politiques, ni à des termes juridiques, parce qu’elle n’a besoin d’aucune norme pour être protégée : mais chacun la conquiert et la garde dans son cœur, et nul ne peut y attenter ; de la liberté chrétienne, en un mot, faite de renoncement et de sacrifice de soi ». Et comme est dérangeante sa conception de la providence, dont les desseins « sont exécutés par le diable », afin de nous conduire au jugement qui intervient presque par incidence, « (…) devant le tribunal de Dieu, comme devant celui de l’histoire, (qui) se prononce hors du temps, et ne tient pas compte des frissons ni des impatiences d’un individu ni d’un peuple ».

La lecture de cet ouvrage est de celles dont on ne sort pas indemne. Elle est bouleversante non seulement par les idées qu’on y découvre avec étonnement et enthousiasme, mais aussi par la poésie intensément vécue et transmise qu’on reçoit de pages empruntes d’une vérité à nu et à vif, comme seules un homme animé par la liberté en question est capable de produire. Il est traduit avec une belle attention par Christophe Carraud, et complété par lui de notes abondantes et précieuses, ainsi que d’une postface précisant la préface de Remo Bodei, non moins éclairante sur la pensée puissante et originale d’un esprit incomparable.

Jean Chavot

Un jour à la fois

Entre le jour où je prends le clavier pour vous rejoindre et celui où vous lirez ce message, il peut s’écouler du temps ! Il y a des questions dont on parle tous les jours, quelle que soit la météo : certains se confient sur leur santé… mais d’autres évoquent aussi les élections régionales ou présidentielles, ou les vacances et la reprise déjà proche. Qu’on le trouve long, ou qu’on ne le voit pas passer, le temps est la dimension de l‘épreuve de la solitude comme de la grâce de la rencontre. Nous ne pouvons pas toujours prévoir l’avenir et les mois de confinement rendent plus fragiles nos espoirs de lendemains meilleurs. Cependant, le quotidien de notre histoire personnelle se vit jour après jour, dans la durée.

On pourrait se contenter de relire ces pages éternelles de la Bible qui font l’inventaire de ce temps de la création qui est aussi le temps de Dieu (cf. le livre de Qohéleth). Pour faire bref, je dirais simplement que tout le Nouveau Testament est rempli de références au « temps », au « commencement », à la « fin des temps », à « l’éternité ». Le temps est constitutif de la création et notre conversion personnelle se déroule dans la durée. « Ne perdons pas notre temps » C’est toujours le temps de Dieu, c’est toujours le temps de l’Amour. Pour l’essentiel, il y a urgence. Nous entendons mieux aussi l’exhortation de François d’Assise : « Frères, commençons ». Il nous réconforte !

Mais nous ne pouvons oublier, en cette période estivale, ce droit, si difficilement acquis, des congés annuels, et intégrer à notre réflexion « le septième jour où Dieu se reposa ». Se distraire, souffler, se détendre, sont des aspects de notre existence, que nous devons aussi prendre en considération. Entre le désert de la solitude et le bain de foule, le temps nous est donné pour contempler la vie en croissance, collective ou personnelle, et cela laisse deviner le projet de Dieu dans l’Histoire des hommes au sein de laquelle, avec le temps, il œuvre et agit.

Entre élections municipales passées et présidentielles à venir, nous avons aussi la matière première du « temps » qui nous est confié. Les candidats prennent la parole pour dire leur projet de vie collective, tantôt pour acquérir du pouvoir, tantôt pour se mettre au service de tous. Difficile d’y voir clair, mais là comme ailleurs, il s’agit de transformer la société pour un mieux, sinon pour un moindre mal, de prendre soin des groupes et des faibles, de fonctionner dans le respect des personnes. Tous pourraient s’inscrire dans la Fraternité comme objectif et comme bien commun.

C’est ainsi que le court terme qui rythme la vie : « un jour à la fois » appelle, en vacances et durant l’année, le long terme qui construit peu à peu le temps long, chemin d’éternité.

« Paix et Bien » pour contempler, réconforter et agir.
Fr. Thierry

PIE IX, UN PAPE À L’IMAGE DE SON SIÈCLE : ENTRE LIBÉRALISATION ET CONSERVATISME

1. Un contexte agité, …

Pape Pie IX

Entre 1800 et 1850, l’Europe, voire une partie du monde, s’engagèrent dans de profondes mutations. Cette évolution fut économique, sociale et politique. Les pays les plus avancés du continent, s’ouvrirent aux spectaculaires changements nés de l’ère industrielle et de l’émergence des aspirations nationales. La Révolution et l’Empire avaient bouleversé un ordre multiséculaire que les puissances réunies au Congrès de Vienne de l’automne 1814 au printemps 1815 décidèrent de rétablir. Il s’agissait d’un retour à l’Ancien Régime et à ses valeurs en établissant une Sainte-Alliance sous protection divine, destinée à éviter l’épidémie des principes de 1789. Pourtant, les élites intellectuelles, les artistes ; tous les romantiques,[1] s’enflammèrent et n’hésitèrent pas à prendre les armes pour propager les ferments d’un monde nouveau. Le succès fut au rendez-vous en Grèce et en Belgique mais connut des fins tragiques dans bien d’autres lieux. Le printemps des peuples de 1848 encouragé par les trois jours de février, ceux qui virent, la monarchie orléaniste s’effondrer et le trône de Louis-Philippe 1er brûler[2] au pied de la colonne de juillet. Un véritable bouillonnement agita l’Europe entre révolutions et réactions. Les mouvements de 1848 concentrèrent les revendications : désir de Constitution garantissant les libertés fondamentales, aspiration à l’indépendance ou à l’unité nationale. Jusqu’en juin 1848, les révolutionnaires semblèrent obtenir ce qu’ils escomptaient en faisant ployer l’ordre établi en 1815. Toutefois, l’été 1848 mit fin à leurs illusions et les monarchies rétablirent la situation qui prévalait lors du Congrès de Vienne.

C’est durant ce siècle éminemment révolutionnaire que Giovanni Maria Mastai Ferretti devint Pape sous le nom de Pie IX. Ce pontificat, long de 32 ans fut le plus long et l’un des plus tourmentés de l’Histoire de l’Église. Franciscain, Pie IX fut confronté à tous les soubresauts d’un siècle qui en fut fertile. Face à ces défis, il commença par offrir une image d’ouverture à la modernité…     

ÉRIK LAMBERT


[1] Lord Byron fut l’un des martyrs de la cause. « Lord Byron est mort à Missolonghi, le 19 avril, après 10 jours de maladie. Une inflammation de poitrine est la cause de cet événement. », in Le Drapeau blanc, 18 mai 1824.

[2] https://www.parismuseescollections.paris.fr/fr/musee-carnavalet/oeuvres/embrasement-du-trone-de-louis-philippe-place-de-la-bastille-le-24-fevrier#infos-principales

Petites Sœurs de Saint François dites de Montpellier

Dans cette rubrique, le comité de rédaction a toujours souhaité partager avec les lecteurs le vécu et les expériences des sœurs et frères de la famille franciscaine. Il nous manquait, entre autres, nos « Petites Sœurs de Saint François » – dites « de Montpellier ».
Deux fraternités africaines ont accepté de nous partager leur vécu. Les textes qu’elles nous offrent sont tirés de rapport d’activités de l’année écoulée.


Le dispensaire

Dispensaire SAN MARZIANO (Centre Médicosocial)
ANYRONKOPE – TOGO

Population desservie : 4194
Hôpital de référence : CHP D’ANEHO ( Distance : 12 Km) et CHP de VOGAN : (13Km).
Nom du responsable : Sœur Gwladys KIBI-MANIBO
Les activités principales : Consultation curative ; Maternité ; Laboratoire ; Dépôt pharmaceutique ; Soins ; Suivi des PVVIH ; Suivi des personnes tuberculeuses ; Suivi des enfants malnutris…

Extrait du Rapport d’activité 2019 – 2020

Accueil sous l’apatam

ACCUEIL
Dans le monde médical, il est souvent dit qu’un malade bien accueilli est à moitié guéri. La compétence d’un centre de santé est aussi jugée par la qualité de son accueil. Nous nous efforçons de rendre cette première étape de la prise en charge de nos patients assez agréable pour eux et de leur donner confiance.

Personnel du dispensaire et bénévoles

Avant le début des activités, à 7 heures, l’équipe soignante ouvre la journée avec la prière suivie des informations puis d’une causerie éducative (par exemple : l’hygiène, l’alimentation équilibrée, les premiers gestes dans les cas de maladies courantes, diarrhée, paludisme…). Nous prenons les malades par ordre d’arrivée en insistant sur les mesures barrières tout en les orientant vers les consultants.
Avec la pandémie due à la COVID19, il nous a été recommandé, par le district, de faire l’accueil des malades dès l’entrée du portail avant de les admettre à la consultation. Le début de la mise en place de ce nouveau système a créé quelques désagréments chez certains de nos patients. Ce qui a demandé beaucoup de vigilance, de patience et d’attention de notre part pour expliquer le bien-fondé de ce « tri » qui permet une meilleure prise en charge de tous, sans distinction et sans discrimination.

ANALYSES
Dans l’ancien testament, les chapitres 13 et 14 du Lévitique sont consacrés à la maladie de la lèpre. La lèpre était une maladie maudite, redoutable et surtout invalidante. La communauté mettait tout en œuvre pour la diagnostiquer, pour isoler les malades et leur interdire toute vie communautaire avec les autres jusqu’à leur totale purification. La lèpre de notre communauté aujourd’hui, c’est la COVID19. Depuis l’année dernière cette pandémie a plongé le monde entier dans la peur et l’incertitude. La lutte contre cette crise sanitaire, par le respect de la distanciation sociale et des autres mesures barrières, nous oblige à nous adapter à un nouveau mode de vie qui vient bouleverser nos habitudes. Il faut s’isoler, isoler tous ceux qui sont contaminés et mettre en quarantaine tous les contacts de ces malades. Plus question de proximité si précieuse au réconfort de toute personne souffrante. Dans Marc (1,40-45) Jésus guérit un lépreux par contact avec ce dernier. Notre père saint François se fait proche d’un lépreux en descendant de son cheval. Pour nous, filles de saint François, comment prendre soin d’une personne souffrante à distance, une personne qui a besoin de notre secours et notre proximité ? Comment faire un soin à un malade sans le toucher ? Comment garder la distanciation à la maternité qui est un service de proximité ? Comment imposer à une parturiente, qui se tord de douleur et qui a besoin d’un certain confort, le port d’un masque ?

Cette année est pour nous une année de doute, de crainte mêlée d’espérance et, en fin de compte, une année de grâce et de bénédiction. Dieu est pour nous, il est avec nous, nous ne pouvons que nous savoir pleines de grâces et dire avec Marie « Mon âme exalte le Seigneur exulte mon esprit en Dieu mon sauveur…. Le Puissant fit pour moi des merveilles, saint est son Nom. » Nous avons eu peur que les deux cas que nous avons reçus, dont l’un suspect et l’autre confirmé de COVID19, fassent baisser considérablement le taux de fréquentation du centre.

Sœur Denise « sensibilise » et distribue une moustiquaire imprégnée à une femme enceinte.

Nous craignions pour notre santé mais nous redoutions également la fermeture du centre. Cependant, comme des guetteurs dans la nuit, nous attendions l’arrivée des malades et des femmes enceintes dans l’impatience et c’est dans la joie que nous accueillions ceux qui viennent à nous. « Comme les yeux de la servante vers la main de sa maîtresse, nos yeux levés vers notre Dieu », nous avons compté sur le Seigneur qui n’a pas manqué de bénir nos petites œuvres et de nous protéger.

Saint Jean Chapitre 13

Le lavement des pieds 13, 1-20

  1. Le geste de Jésus, tout surprenant qu’il soit, semble d’une grande clarté. Il est le maître ; or il vient d’agir en esclave. C’est la loi qui s’impose à tous les siens. Il s’agirait donc ici essentiellement, sous forme de ‘mime’, d’une leçon d’humilité et de service. Et la signification de la scène serait seulement d’ordre moral : tel doit être le comportement chrétien.
    Est-ce une interprétation suffisante ?
  2. La plupart des interprètes cherchent autre chose, puisque Jean nous a habitués à des sens cachés. Ce lavement des pieds est un « geste prophétique », selon la manière sémitique pour les leçons en acte. Au jour des Rameaux, Jésus a « joué » l’oracle de Zacharie : « Tressaille d’allégresse, fille de Jérusalem ! Voici que ton roi s’avance vers toi… humble, monté sur un ânon » (Za. 9, 9-10). Maintenant, il « joue » celui du Serviteur d’Isaïe (52, 13-53, 12) ; pas n’importe quel serviteur, mais le « Serviteur Souffrant » dont le service va jusqu’à mourir pour les siens.
    Ainsi donc, sous ce geste surprenant, mais apparemment banal, de laver les pieds, Jésus en réalité « mimerait » sa mort du lendemain, exactement comme en instituant l’Eucharistie au cours du même repas pascal, il « mimait » d’une autre façon la mort du lendemain.
    Selon cette interprétation, il ne s’agit donc plus d’abord d’une leçon morale d’humilité, il s’agit d’un geste symbolique de révélation : voici quel sera le sens de ma mort. Une mort pour vous et pour la multitude, dans l’abaissement le plus extrême.
  3. Cette lecture est d’une profondeur saisissante. mais elle n’est pas la seule possible. Parce que ce geste peut aussi être le « symbole de l’accueil ».

Pourquoi ? Comment ?

Parce qu’il y a dans ce passage des paroles curieuses qui débordent de loin l’interprétation de l’humilité et du service :

• D’abord l’entrée en matière particulièrement solennelle et de tonalité transcendante : « Jésus, sachant que son heure était venue, l’heure de passer de ce monde au Père… sachant qu’il est sorti de Dieu et qu’il va vers Dieu ». Jésus va quitter les siens pour rentrer chez son Père : c’est l’instant des adieux définitifs, quelle ultime promesse va-t-il leur faire ? Quel cadeau précieux va-t-il leur laisser ?

• Car il en a le pouvoir et le droit, de la part du Père : « …sachant que le Père a remis toutes choses entre ses mains ». Jésus va donc faire quelque chose pour eux de la part du Père.

• Autre parole curieuse : « … Pierre, si je ne te lave pas, tu n’auras pas part avec moi ». Or dans le 4ème évangile « avoir part avec Jésus », c’est être avec lui dans la maison du Père (14, 2-6), participer à la gloire du Père (17, 24), voir le Royaume de Dieu (3, 3), entrer dans ce Royaume (3, 5), et recevoir du Christ la vie éternelle (6, 40). Ainsi le geste du Christ aurait quelque chose à voir avec l’admission des disciples « dans la maison du Père », « chez le Père », là où précisément Jésus est sur le point de s’en retourner. Cela veut dire que, pour les disciples, ce geste est un billet d’entrée pour le ciel !

Fr Joseph

« Orgueil et humilité »

« Les laïcs franciscains accueilleront, d’un cœur humble et courtois, tout homme comme un don du Seigneur et une image du Christ. » (Projet de Vie 13)

1ère partie : Que nous dit la Bible ?

L’orgueil se manifeste, le plus fréquemment, par un sentiment de supériorité à l’égard de tous ou de certains en particulier. L’orgueilleux aspire aux honneurs et aux meilleures places, qu’il pense lui être dus (Mt 23,6s ; Lc 14,7-11), il cherche à s’élever à tout prix, bien souvent au mépris de ses semblables. La figure du pharisien, dans les Évangiles, en est le meilleur exemple : dans la parabole qui les présente, lui et le publicain, priant au Temple (Lc 18,9-14), il s’exprime ainsi : « Mon Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont rapaces, injustes, adultères, ou bien encore comme ce publicain » . Le pharisien, confiant en sa propre justice, établit des comparaisons pour affirmer sa supériorité et rabaisser ses congénères. Il s’arroge même le droit de les critiquer et de les juger. A multiples reprises, Jésus condamne sévèrement cette prétention : « tout homme qui s’élève sera abaissé, mais celui qui s’abaisse sera élevé. » (Lc 18,14 ; 14,11 ; Mt 23,12). Les textes bibliques fustigent l’orgueil des puissants de ce monde (les princes, les riches, les scribes, les pharisiens, les prêtres, les docteurs de la Loi) car il éteint en eux toute forme de justice et de charité. L’orgueil se traduit de diverses manières : dédain et insolence (Ps 6,17 ; 21,24), envie et jalousie, forfanterie et arrogance (Jc 4, 13-17), refus d’écouter ou de se soumettre, volonté de s’imposer, animosité et ironie, vanité et hypocrisie de ceux qui se donnent pour modèles mais dont le cœur est corrompu : « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui fermez aux hommes le Royaume des cieux ! Vous n’entrez certes pas vous-mêmes, et vous ne laissez pas entrer ceux qui le voudraient ! […] Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui acquittez la dîme de la menthe, du fenouil et du cumin, après avoir négligé les points les plus graves de la Loi, la justice, la miséricorde et la bonne foi […] au-dehors vous offrez aux yeux des hommes l’apparence des justes, mais au-dedans vous êtes pleins d’hypocrisie et d’iniquité. » (Mt 23,13 ; 23 ; 28)
Mais l’orgueil peut aussi affecter la relation à Dieu : l’homme cherche à s’élever face à Dieu et prétend être son égal (Gn 3,5). L’orgueil lui fait refuser toute forme de dépendance à son Créateur et le pousse à s’attribuer le seul mérite de ce qu’il est, de ce qu’il a, à se suffire à lui-même. « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi te glorifies-tu comme si tu ne l’avais pas reçu ? » (1 Co 4,7).
Le Siracide dépeint l’orgueil comme détestable aux yeux de Dieu car il éloigne l’homme de son Seigneur : « L’orgueil déplait à Dieu […] Pourquoi tant d’orgueil pour qui est terre et cendre, un être qui, vivant, a déjà les tripes dégoûtantes ? […] Le principe de l’orgueil, c’est d’abandonner le Seigneur et de tenir son cœur éloigné du Créateur. Car le principe de l’orgueil, c’est le péché, celui qui s’y adonne répand l’abomination […] L’orgueil n’est pas fait pour l’homme » (Si 10, 6-18)
A l’inverse de l’orgueil, l’humilité est l’attitude de celui qui reconnait avoir tout reçu de Dieu et qui admet n’être rien par lui-même (Ga 6,3) si ce n’est un serviteur inutile, un être pécheur, sauvé par pure grâce et non par ses mérites. « C’est Yahvé qui fait mourir et vivre, qui fait descendre au shéol et en remonter. C’est Yahvé qui appauvrit et qui enrichit, qui abaisse et aussi qui élève. Il retire de la poussière le faible, du fumier il relève le pauvre, pour les faire asseoir avec les nobles et leur assigner un siège d’honneur. » (1 S 2,6-8) « La crainte de Yahvé est discipline de sagesse, avant la gloire, il y a l’humilité. » (Pr 15,33) Au long de son histoire, Israël traverse toutes sortes d’épreuves qui vont lui enseigner l’humilité. Les humiliations subies, personnelles ou collectives, lui font prendre conscience de sa totale impuissance et de sa misère spirituelle dès lors qu’il s’écarte de son Seigneur. Il peut alors revenir à lui avec un cœur brisé (Ps 51(50), 19) et s’abandonner à lui dans la confiance, en se reconnaissant pauvre et pécheur (Ps 25 ; 106 ; 130). Le pauvre des psaumes est celui qui craint Yahvé, il est son ami et son serviteur (Ps 86). Avec Sophonie, pauvreté et humilité se rejoignent (So 2,3), les « Pauvres de Yahvé » sont les « humbles de la Terre » et au Jour du Seigneur le Reste d’Israël sera « un peuple humble et pauvre » (So 3,12).
Enfin, l’humilité est le signe du Christ. Il est le Messie humble annoncé par Zacharie (9,9) ; mais surtout, nous dit St Paul, « Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’anéantit lui-même, prenant condition d’esclave, et devenant semblable aux hommes. S’étant comporté comme un homme, il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort et à la mort sur une croix ! » (Ph 2,6-8). Jésus est un maître « doux et humble de cœur » qui invite à se mettre à son école (Mt 11,29) car c’est aux tout-petits, aux humbles de ce monde, que Dieu choisit de manifester sa sagesse (1 Co 1,27-31). Dans le Nouveau Testament, l’humilité apparait comme un fruit de l’Esprit qui se conjugue avec la charité. A la suite du Christ, l’humilité parfaite consiste donc à se faire petits par amour de Dieu, et, au nom de cet amour, à se mettre à l’écoute de ses frères et de ses sœurs, à revêtir la tenue de service pour leur laver les pieds. « Si quelqu’un veut être le premier, il sera le dernier de tous et le serviteur de tous. » (Mc 9, 35).

P. Clamens-Zalay

Une Expo

« Que ton règne vienne »
François-Xavier de Boissoudy à la galerie Guillaume

Que ton règne vienne
François-Xavier de Boissoudy
Galerie Guillaume

François-Xavier de Boissoudy n’est pas un peintre catholique, il est, selon ses propres termes, « juste un catholique qui peint ». On comprend la nuance en découvrant sa peinture qui n’est pas un art de convention, mais au contraire l’expression d’un émerveillement authentique, vécu, dit-il, en 2004 « lorsqu’un jour j’ai été touché par Sa présence ». Cette révélation a fait de sa peinture un art religieux au sens retrouvé, ou tout simplement trouvé, dans une inspiration qui est avant tout une aspiration. Car, dit-il encore, « C’est l’essence même de l’art d’être une prière et un dialogue avec le Créateur ».

Ce dialogue rayonne de ses tableaux. Lavis ou peinture à l’huile, peu importe la technique pourtant parfaitement maîtrisée, car elle s’efface devant la force de l’expression, de même que le peintre s’efface devant son sujet pour mieux s’en faire l’instrument. C’est en cela qu’on peut parler d’art religieux retrouvé, car cette humilité vraie est le fait d’artistes devenus rares, religieux ou non : ceux qui se mettent au service de la puissance qu’ils représentent, à contre-courant d’une époque où l’on plébiscite les autres qui, esclaves d’autres nécessités, tentent de se revêtir eux-mêmes des beautés qu’ils convoquent. La peinture de Boissoudy est libre de ces pauvres ambitions-là ; elle est franche, directe, dépouillée, « simple » pourrait-on dire, comme le geste d’un homme au savoir-faire habité, c’est-à-dire exempte de toute sophistication narcissique ou spectaculaire. Ainsi, le thème commun à tous ses tableaux est-il la lumière. Toujours centrale, elle révèle le monde et les personnages qui le peuplent, peints dans des teintes sobres, unifiées et résolument terriennes, comme pour dévoiler que tout est incarnation de la Présence. Boissoudy, en témoignant si simplement, vitalement, de sa prière et de son dialogue avec le Créateur, nous induit, au-delà de son œuvre, à les vivre par nous-mêmes dans la réalité qui nous entoure, à « voir » cette réalité comme sa Création. Et cette prière particulière de l’artiste devient notre prière à tous, par l’effet de sa poésie intense et véridique. L’art y retrouve sa dimension de grâce : création à l’image de la Création comme Dieu nous a faits à son image. Cette universalité fraternelle est encore soulignée par les titres des œuvres, tous des verbes à l’infinitif — Naître, Revenir, Reconnaître, Croire, Guérir, Chercher, Rencontrer, Louer… — qui nous incitent à la pratique, au dialogue et à la conjugaison, pour que s’élève la prière des prières : « Que ton règne vienne » sur la terre où nous vivons comme au ciel auquel nous aspirons.

Les visites d’expositions restant interdites, il est impératif de prendre rendez-vous avec la galerie Guillaume (voir les informations ci-dessous) pour admirer les œuvres en tant qu’acheteur potentiel, dans le cadre du « Click and collect » de rigueur. Le galeriste accueillant, sympathique et passionné ne vous en voudra pas si vous ne repartez qu’avec le beau catalogue (25 €), ou celui qui contient une gravure de l’artiste (75 €) ou même les mains vides (mais à coup sûr les yeux brillants).

Jean Chavot

Jusqu’au 29 mai. Galerie Guillaume, 32 rue de Penthièvre, 75008 Paris. Ouvert du mardi au samedi de 14h à 19h. https://www.galerieguillaume.com
Pour voir l’exposition, prendre impérativement rendez-vous
au 06 71 00 89 72 ou par e-mail : galerie.guillaume@wanadoo.fr
Le lien du catalogue ici : https://www.galerieguillaume.com/pdf/expo/Franc__ois-Xavier%20de%20boissoudy%202021%20copie_1.pdf
Et ici : https://www.revue-conference.com/index.php?option=com_content&view=article&id=1946:que-ton-regne-vienne-oeuvres-de-francois-xavier-de-boissoudy&catid=156:collection-en-regard&Itemid=56

Prière de mai

Dieu tout puissant, éternel, juste et bon,
par nous-mêmes nous ne sommes que pauvreté ;
mais toi, à cause de toi-même,
donne-nous de faire ce que nous savons que tu veux,
et de vouloir toujours ce qui te plaît ;
ainsi nous deviendrons capables,
intérieurement purifiés, illuminés et embrasés par le feu du Saint-Esprit,
de suivre les traces de ton Fils notre Seigneur Jésus Christ,
et, par ta seule grâce, de parvenir jusqu’à toi, Très-Haut,
qui, en Trinité parfaite et très simple Unité,
vis et règnes et reçois toute gloire,
Dieu tout puissant dans tous les siècles des siècles. Amen.

St François d’Assise
Lettre à tout l’Ordre