Prions en confinement Semaine_3

« Père très Saint, avec Saint François d’Assise nous te supplions.
Au nom de Jésus-Christ donne-nous ton Esprit.
Répands-Le sur tous les hommes, toutes les femmes, et tous les enfants,
Sur la Création toute entière.
Qu’Il chasse la pandémie et restaure les corps et les cœurs.
Nous te le demandons à Toi qui vis pour les siècles des siècles.
»

Prière composée par fr Michel Laloux, ministre provincial, en cette période de pandémie.

Cette réflexion se fera, sœurs et frères, tout en continuant l’appel à la prière.

Christ est ressuscité, Il est vraiment ressuscité, Alléluia !

Continuons notre réflexion en regardant cette semaine du côté de l’émerveillement.

« Franciscain(e)s, nous pouvons aussi nous émerveiller de toutes les initiatives prises ici où là pour venir en aide aux plus démunis dans cette période qui les frappe de plein fouet. Nous émerveiller pour nos concitoyens qui ont compris le message et respectent les consignes officielles (ils sont très majoritaires). Nous émerveiller surtout de l’incroyable dévouement des membres du personnel soignant, allant jusqu’au bout de leurs forces pour endiguer l’épidémie et guérir ceux qui peuvent l’être ». (Michel Sauquet – édito)

Je commence en disant que, contrairement à ce qu’on croit, l’émerveillement ne va pas de soi. Et je précise : la capacité d’émerveillement devant un monument, une nature, une personne, s’étiole au fur et à mesure que je la / le vois, que je la / le rencontre pour disparaître avec le temps.

Un touriste qui arrive à Paris pour la première fois et s’arrête devant l’obélisque de la place de la concorde est en admiration devant ce monument, il s’émerveille devant la précision de ce travail d’orfèvre que représente ce gigantesque bloc de pierre. Mais le Parisien qui passe devant quotidiennement ne lui prête même pas un regard. Le danger de l’habitude.

D’ordinaire, il nous est plus facile de nous émerveiller de la nature que de notre sœur ou frère en humanité que nous croisons quotidiennement. Je dirai même, d’une façon générale, cela ne nous vient même pas à l’esprit. Il faut des situations particulières,

Et voilà que ce temps de confinement nous invite à garder l’esprit vif et poser un autre regard, un regard neuf, sur celles et ceux qui nous entourent, comme l’écrit Michel Sauquet,

S’émerveiller implique des conditions :

La première, c’est échapper à l’habitude, c’est, pour utiliser un langage qui nous est commun, retrouver « l’esprit d’enfance ». Savoir regarder les personnes et les choses comme si c’était la première fois, une découverte.

Découvrir, et c’est la deuxième condition, c’est accepter d’être surpris. Accepter de ne pas savoir ou peu. Aristote disait : « la philosophie est fille de l’étonnement » in Métaphysique.

Découvrir c’est accepter d’être initié. Bien sûr, je peux le faire seul ; mais je peux aussi laisser mon frère, ma sœur, mon épouse, mon époux, mon enfant m’initier à cette relation unique avec elle, avec lui. N’oublions jamais que chacun d’entre nous a un jardin secret inviolable. Et je ne peux y accéder, tant que soit peu, que si l’autre m’y introduit, et donc m’y initie.

Enfin, pour pouvoir s’émerveiller, il faut savoir exorciser sa peur. La peur de ne pas pouvoir maîtriser les événements, les choses, et peut-être aussi, consciemment ou inconsciemment, l’autre. Autrement dit, la peur de l’inconnu, de l’inédit. Autrement dit, apprendre à faire confiance.

Frère Joseph (assistant régional)

Prions en confinement Semaine_2

« Père très Saint, avec Saint François d’Assise nous te supplions.
Au nom de Jésus-Christ donne-nous ton Esprit.
Répands-Le sur tous les hommes, toutes les femmes, et tous les enfants,
Sur la Création toute entière.
Qu’Il chasse la pandémie et restaure les corps et les cœurs.
Nous te le demandons à Toi qui vis pour les siècles des siècles.
»

Prière composée par fr Michel Laloux, ministre provincial, en cette période de pandémie.

Cette réflexion se fera, sœurs et frères, tout en continuant l’appel à la prière.

Comment François d’Assise voit-il l’humilité ?

Disons pour commencer, que l’humilité ne relève pas, chez François, de la morale. Elle est fondamentalement une donnée christologique : il voit l’humilité du Christ, et cela induit chez lui une manière d’être, pour lui ressembler.

L’humilité du Christ, il la voit dans trois événements majeurs :

L’incarnation :
« Ce Verbe du Père, si digne, si saint et si glorieux, le très haut Père du ciel annonça, par son saint ange Gabriel, qu’il viendrait dans le sein de la glorieuse Vierge Marie ; et de fait il reçut vraiment, dans son sein, la chair de notre fragile humanité. Lui qui était riche plus que tout, il a voulu, avec la bienheureuse Vierge sa mère, choisir la pauvreté ». (Lettre à tous les fidèles 4-5)

Le lavement des pieds :
« On ne donnera à aucun frère le titre de prieur, mais à tous distinctement celui de frères mineurs. Ils se laveront les pieds les uns aux autres ». (1R 6, 3)

L’eucharistie :
« Voyez : chaque jour il s’abaisse, exactement comme à l’heure où, quittant son palais royal, il s’est incarné dans le sein de la Vierge ; chaque jour c’est lui-même qui vient à nous, et sous les dehors les plus humbles » (Adm. 1, 16-17)

Ce désir de conformité avec le Christ se manifestera dans la connaissance de soi-même devant Dieu.
Barthélemy de Pise (franciscain, né en 1338 et mort en 1401) nous rapporte la prière suivante que récitait François :
« Mon Dieu et mon tout. Qui es-tu, très doux Seigneur, mon Dieu ? Et qui suis-je, moi, pauvre vermisseau, ton serviteur ? »
Prendre conscience de l’abîme qui le sépare de son Seigneur, le rend humble.

Être humble, être petit :
« Heureux le serviteur qui, lorsqu’on le félicite et qu’on l’honore, ne se tient pas pour meilleur que lorsqu’on le traite en homme de rien, simple et méprisable. Car tant vaut l’homme devant Dieu, tant vaut-il en réalité, sans plus ». (Adm. 20, 1-2)

Vouloir ressembler au Seigneur veut dire que l’humilité est un devoir :
« Ils doivent se réjouir quand ils se trouvent parmi des gens de basse condition et méprisés, des pauvres et des infirmes, des malades et des lépreux, et des mendiants des rues ». (1R 9, 1)

Cette vertu se traduit par la patience au moment de la contrariété :
« Heureux les pacifiques : ils seront appelés fils de Dieu. Ce qu’un serviteur de Dieu possède de patience et d’humilité, on ne peut le savoir tant que tout va selon ses désirs ». (Adm 13, 1)

Elle se traduit aussi dans l’acceptation de l’injustice envers soi :
« Heureux ceux qui ont l’esprit de pauvreté, car le royaume des cieux leur appartient.
Il y en a beaucoup qui sont férus de prières et d’offices, et qui infligent à leur corps de fréquentes mortifications et abstinences. Mais pour un mot qui leur semble un affront ou une injustice envers leur cher « moi », ou bien pour tel ou tel objet qu’on leur enlève, les voilà aussitôt qui se scandalisent et perdent la paix de l’âme
». (Adm. 14, 1-3)

Elle se traduit par la discrétion sur les grâces reçues et le bien qu’on fait :
« Heureux le serviteur qui amasse, mais dans le ciel, le trésor de grâces que le Seigneur lui offre et qui ne cherche pas, pour se faire valoir, à les manifester aux hommes ; Heureux le serviteur qui conserve en son cœur les secrets du Seigneur ». (Adm 28, 1.3)
« Heureux le serviteur qui ne se glorifie pas plus du bien que le Seigneur dit et opère par lui, que du bien que le Seigneur dit et opère par un autre
». (Adm 17, 1)

Cette humilité est tellement fragile que François demande à Dieu de la sauver :
« Dame sainte Pauvreté, que le Seigneur te sauve, avec ta sœur sainte Humilité » (Sal Vertus 2)

Frère Joseph (assistant régional)

Prions en confinement Semaine_1

« Père très Saint, avec Saint François d’Assise nous te supplions.
Au nom de Jésus-Christ donne-nous ton Esprit.
Répands-Le sur tous les hommes, toutes les femmes, et tous les enfants,
Sur la Création toute entière.
Qu’Il chasse la pandémie et restaure les corps et les cœurs.
Nous te le demandons à Toi qui vis pour les siècles des siècles. »

Prière composée par fr Michel Laloux, ministre provincial, en cette période de pandémie.

Cette réflexion se fera, sœurs et frères, tout en continuant l’appel à la prière de la semaine dernière.

Cette semaine, nous voulons faire un pas en avant et nous poser la question de l’humilité :

« Humilité, parce que beaucoup de nos certitudes sont mises à mal aujourd’hui. Parce que nous voyons les limites de ce que nous croyions savoir, parce qu’il nous faut plus que jamais être « humbles et soumis à tous », ne pas fanfaronner en bravant les consignes et en nous disant que nous en avons vu d’autres, que nous n’allons pas nous empêcher de faire notre jogging si ça nous chante, que la liberté, quand même… » Michel Sauquet – édito.

Ce confinement restreint énormément notre liberté. Pas seulement à l’extérieur, mais aussi chez soi. Prenons deux exemples qui appellent à une démarche d’humilité.

Parlons cash : quand mon époux, mon épouse, mon ou mes enfants finissaient par me taper sur les nerfs, j’avais la possibilité de prendre mon sac et m’éclipsait, ou leur demandais d’aller faire un tour.

Aujourd’hui, avec le confinement, cela est impossible. Et nous sommes appelés à rentrer dans cette démarche d’écoute, d’approfondissement de la connaissance de l’autre dans lequel il y a toujours une part de mystère, de découverte, d’abnégation. Réalités qui font partie intégrante de l’humilité.

Chacun d’entre nous est appelé aussi à rentrer en relation avec lui-même :
Avant, par exemple, pour ne pas broyer du noir, nous allions au cinéma, au théâtre, au musée, ou tout simplement marcher. Nous nous donnions à corps perdu dans notre travail, dans nos engagements associatifs, paroissiaux… Façon de fuir le face à face avec soi.

Dans cette période de confinement, cela est désormais impossible. Nous sommes donc invités à découvrir qui nous sommes, humblement, sous le regard de notre Créateur, autrement dit en vérité. Vivre avec nos travers, mais surtout découvrir nos beautés, nos grandeurs et en rendre grâce.

Ce ne sont que deux réalités parmi tant d’autres.

Fr Joseph Banoub (assistant régional)

Prions en confinement

(Cette peinture nous montre Jésus portant dans ses bras l’humanité malade, masque sur la bouche, drapée de multiples drapeaux nationaux)

Chers sœurs et frères,
Que le Seigneur vous donne la paix !


Le confinement ne permet pas à nos fraternités de se retrouver, physiquement, et cela peut durer encore quelques temps.

Nous avons donc pensé, le bureau régional, de vous proposer, chaque semaine, et durant toute la durée du confinement, un petit thème de réflexion, qui, nous l’espérons, nous fera avancer à la rencontre du Christ, notre Seigneur et frère, en ce temps tout à fait particulier.

Comme nous espérons que vous rentrerez tous dans cette proposition qui nous permettra d’approfondir notre sentiment d’appartenance à l’OFS et à notre région, et donc consolider notre unité.

Pour cette semaine, nous vous proposons de nous arrêter, sur la prière :

« Si nous n’étions franciscain(e)s que lorsque tout va bien, le serions-nous vraiment ? Prions ensemble le Seigneur pour que cette crise s’éloigne le plus vite possible, épargne autant que possible les plus fragiles, mais prions aussi pour que nous sachions en tirer les leçons et avancer vers une société plus humaine, plus juste et plus solidaire, cette société à laquelle nous appelle tous les ans le carême. Avançons vers Pâques avec cette boussole. »

Michel Sauquet

Voici une prière que nous vous proposons, et qui est dite par l’ensemble des frères franciscains de la province du bienheureux Jean Duns Scot :

« Père très Saint, avec Saint François d’Assise nous te supplions.
Au nom de Jésus-Christ donne-nous ton Esprit.
Répands-Le sur tous les hommes, toutes les femmes, et tous les enfants,
Sur la Création toute entière.
Qu’Il chasse la pandémie et restaure les corps et les cœurs.
Nous te le demandons à Toi qui vis pour les siècles des siècles. »

Prière composée par fr Michel Laloux, ministre provincial, en cette période de pandémie

Si tu savais le don de Dieu

Si nous étions entrés dans ce temps de Carême 2020 sans vraiment nous y préparer, l’épidémie de coronavirus qui frappe notre monde est venue tout bouleverser, et peut-être nous réveiller… En effet, comment ne pas faire le parallèle entre confinement/désert et guérison/résurrection ?
Sans l’avoir voulu, nous voici contraints de nous mettre en retrait, de renoncer à tout ce qui nous tient à cœur : activités professionnelles et associatives, rencontres familiales et amicales. Mais cette épreuve, qui nous a tout d’abord plongés dans la sidération et la peur, pourrait, si nous le voulons, nous conduire à retrouver le sens de ce temps privilégié qu’est le Carême.

« Si tu savais le don de Dieu »… C’est la parole de Jésus à la Samaritaine, mais c’est aussi la parole qu’il adresse à chacun et chacune d’entre nous. De tout temps, Dieu se présente à nous pour nous donner la Vie, celle-là même qu’il insufflait à l’homme en le créant. Cependant, trop souvent, comme l’aveugle-né, nous avons les yeux fermés, comme le peuple d’Israël au désert, nous avons le cœur endurci. Refusant d’écouter la voix du Seigneur, nous choisissons de vivre en fils de Satan et non en enfants de lumière.
Ce temps du Carême nous est donné pour prendre du recul, faire silence et nous ouvrir à la Parole de Dieu. Au tentateur qui s’approche alors qu’il a jeûné quarante jours et quarante nuits et qu’il a faim, Jésus répond : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » (Mt 4,4) Cette parole, nous l’avons entendue maintes fois, mais, avec l’émergence de ce virus dans nos existences, elle ne peut que résonner en nous, qui sommes devenus des « surconsommateurs », brutalement confrontés à l’éventualité du manque. Elle vient singulièrement questionner notre mode de vie et nos priorités. Nos placards remplis à l’excès avant même cette crise, et nos poubelles qui croulent sous le poids de tout ce que nous jetons, ne révèlent-ils pas un autre manque beaucoup plus profond ? Où est l’essentiel pour nous aujourd’hui ? Qu’est-ce qui fait sens dans notre vie ?

« Si tu savais le don de Dieu »… Nous sommes invités à relire les Écritures et à prier. Nous sommes invités à contempler le Christ pauvre en croix et à méditer sa mort et sa résurrection. Il nous faut abandonner les modèles qui nous ont faussement fait croire à la toute puissance de l’homme moderne, pour nous laisser transformer et convertir. C’est ainsi que nous pouvons renouer la relation filiale, si souvent blessée, retrouver le face à face avec Dieu et entrer, nous aussi, dans ce dialogue d’amour qui unit le Père et le Fils. Humblement, avec nos pauvretés, mais riches de tout ce qu’il nous donne, nous redécouvrons alors ce que veut dire : tout recevoir de lui et se recevoir de lui. Dieu est la source de toute bonté, de tout amour, et c’est la Vie en plénitude qu’il est venu nous offrir en son Fils.
C’est ce que François expérimente lorsqu’il se retire sur une île du lac Trasimène pour y vivre le Carême dans la solitude, jeûnant quarante jours et quarante nuits, ne mangeant rien de plus qu’un demi pain. (Fioretti 7) Prier Dieu, louer Dieu, adorer Dieu, avec cette intime conviction qui l’animera durant toute sa vie : « Mon Dieu et mon Tout ».

« Si tu savais le don de Dieu »… Jésus poursuit : « Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. » (Jn 4,13-14) Cette eau vive c’est l’Esprit, qui fait de nous des adorateurs du Père en vérité. « Ne savez-vous pas que vous êtes un temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » (1Co 3,16) Sous l’emprise de l’Esprit, nous expérimentons la bonté et l’amour de Dieu, et nous pouvons, à notre tour, devenir source d’eau vive pour nos frères et sœurs en vivant des fruits de l’Esprit, comme St Paul nous y invite : « Autrefois, vous étiez ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes lumière ; conduisez-vous comme des enfants de lumière – or la lumière a pour fruit tout ce qui est bonté, justice et vérité – et sachez reconnaître ce qui est capable de plaire au Seigneur. » (Ep 5, 8-10) « Cherchez à imiter Dieu, comme des enfants bien-aimés, et suivez la voie de l’amour, à l’exemple du Christ qui vous a aimés et s’est livré pour nous » (Ep 5,1-2) Aujourd’hui plus que jamais, nous sommes appelés à vivre des fruits de l’Esprit en posant des gestes concrets de solidarité et de partage, par exemple avec tous ceux qui sont isolés dans leur confinement, ou encore avec tous ceux qui sont à notre service malgré les risques encourus. Dans un message récent, l’évêque de Nanterre, Matthieu Rougé, déclarait : « Tout cela, nous pouvons le vivre dans la confiance et l’espérance. Nous nous préparons à la Semaine Sainte, c’est-à-dire à la célébration de la mort et de la résurrection du Christ. Notre foi en cette victoire de l’Amour sur la mort est la source d’une paix inaltérable dont nous sommes appelés à témoigner. La coïncidence entre la lutte contre le virus et le carême constitue un appel à lutter contre tous les « virus » qui peuvent nous faire du mal : l’égoïsme, la division, la malveillance, le découragement. Dans la paix de la foi, nous pouvons à l’inverse contribuer à l’espérance de tous. »

En chemin vers Pâques, dans la confiance et l’espérance, accueillons l’appel du pape François à nous laisser réconcilier avec Dieu et devenons ce que nous sommes : des enfants de lumière… « Que votre lumière brille aux yeux des hommes, pour qu’en voyant vos bonnes actions ils rendent gloire à votre Père qui est dans les cieux. » (Mt 5, 16)

P. Clamens

prendre le temps de…

RELIRE LAUDATO SI’ Episode N°1
avec Fr Frédéric-Marie ofm

L’urgence de relire Laudato Si’ au coeur du confinement N°1 (#Le Monde d’Après ?)


TRAVAILLER À LA MAISON

Pour beaucoup qui n’y sont pas habitués, le travail à domicile peut être déstabilisant, voire angoissant. Il faut relativiser, l’inquiétude est beaucoup plus légitime et forte chez ceux qui sont contraints à rester au contact de la population : non seulement les soignants, mais aussi tous ceux dont l’apport est indispensable à la survie de la collectivité : commerçants, caissières, livreurs, artisans, agriculteurs, ouvriers, personnels de maintenance, d’entretien… Mes pensées vont d’abord vers eux ; néanmoins, dans le souci de me rendre utile, c’est avec les premiers, les « télé-travailleurs forcés » , que je veux tenter de partager mon expérience. Je travaille en effet chez moi depuis toujours. Depuis le début, mes amis qui travaillent en entreprise me posent tous la même question (avec un soupçon d’envie) : « Comment tu fais ? Moi, je n’arriverais jamais à m’y coller. » S’y coller… Il faut dire ce qui est, peu d’entre nous — et c’est très compréhensible autant que malheureux — sont portés par l’enthousiasme quand il s’agit de se mettre à la tâche. Mais nécessité fait loi. Avec les années, j’ai appris à répondre à ces curieux qui veulent savoir si je bosse réellement ou si je coince la bulle.

Le premier réflexe lorsqu’on est livré à soi-même, c’est d’installer une pointeuse entre la cuisine et la salle de bain et de remplacer le chef par un surmoi intraitable. Ces jours-ci, j’entends des coachs improvisés proclamer : ne changez rien à vos habitudes, lavez-vous, rasez-vous pour les uns, maquillez-vous pour les autres et abordez votre journée de travail comme un jour normal. Très mauvais conseil à mon avis : ça n’a rien d’un jour normal, vous êtes chez vous et l’épidémie est à votre porte. Impossible de faire comme si de rien n’était. Essayez, l’inquiétude vous paralysera sournoisement. Non, mieux vaut de très loin accepter et intégrer l’exceptionnel car vous ne serez pas efficaces si vous êtes tendus, tout occupés à maintenir une routine impossible. C’est aux conditions nouvelles que vous devez vous conformer et non à une discipline intenable. Oui, mais on a forcément besoin d’un cadre, protesterez-vous. Bien sûr, mais c’est le travail que vous avez à faire qui vous le fournira. Comment ? En vous bâtissant un programme, sur la semaine par exemple, en commençant par placer les grosses choses, puis les choses moins importantes et en ménageant des espaces entre ces gros blocs afin d’y glisser toutes les petites choses qui ne manqueront pas d’apparaître. Ensuite, vous vous donnerez un objectif pour chaque journée ou demi-journée en faisant bien attention à ne pas excéder vos forces car c’est là le plus grand danger : en faire trop, perdre la lucidité, accumuler des erreurs qui vous feront perdre du temps, gâcher l’ouvrage accompli et aborder votre journée du lendemain mécontents et frustrés parce que vous n’aurez pas rempli l’objectif de la veille.

Mon conseil : organisez-vous des journées légères aux horaires adaptés à vos conditions réelles et complétez avec des petites tâches s’il vous reste du temps. Vous verrez que ce sera rarement le cas… Autant que possible, essayez de varier les activités pour que votre ardeur ne s’étiole pas en lassitude. Ne vous surveillez pas constamment pour voir si vous êtes bien en train de travailler. Au contraire, prenez autant de pauses que vous voudrez. Vous vous apercevez très vite de deux choses : vous ne les prolongerez pas car vous aurez repris du coeur à l’ouvrage avant de vous en rendre compte, et surtout, tout bien pesé, vous passerez beaucoup moins de temps seul dans votre canapé qu’avec vos collègues devant la machine à café. De plus, vous serez détendu (sans caféine), bien plus concentré grâce à un regain de fraîcheur (et vous cesserez de penser à la pause quand vous trimerez). Ah, la machine à café. C’est ce qui manque quand on travaille à domicile : les papotages, les ragots, la pluie et le beau temps… les collègues, quoi !

Vous verrez qu’en vous faisant confiance et en vous fichant la paix, tout ce que vous risquez est de prendre du plaisir à bosser. Mais n’allez surtout pas raconter ça à votre patron ! C’est ce que je réponds toujours à mes amis : le vrai problème quand on travaille à la maison ce n’est pas de s’y coller, c’est de s’arrêter !

Jean Chavot

Jésus, lumière du monde Chap 8, 12-59

Remarque : Les versets 1 à 11 sont considérés par les spécialistes comme un ajout (nous y reviendrons). Cela veut dire que 8, 12-59 est la suite logique du chapitre 7. D’où son insertion à cette place dans ce travail.

Introduction

1- Nous sommes toujours à la fête des tentes, en souvenir de l’exode, avec célébrations solennelles de l’eau et de la lumière (l’eau jailli du rocher et la colonne lumineuse qui avait servi de guide). Dans le chapitre précédant, Jésus s’est proclamé « Source d’eau vive ». Ici, il se proclame « Lumière du monde ».

2- Le cérémonial de la lumière, au Temple, était enthousiasmant : on illuminait le temple avec d’immenses candélabres placés dans le parvis des femmes et qui brûlaient la nuit entière. Leur lueur embrasait la ville sainte. Alors les lévites, debout sur les quinze degrés par lesquels on passait du parvis des femmes à celui des hommes, chantaient des psaumes en s’accompagnant de tous les instruments de musique connus alors en Israël.

3- Comme pour le chapitre précédent, nous sommes dans un contexte d’affrontement avec les Juifs, un affrontement qui se fait violent et Jésus n’échappe que de peu à la lapidation.

4- A noter, tout au long du chapitre un tissu d’oppositions
• Lumière / ténèbres (ignorance, erreur, endurcissement, mort)
• Vérité / mensonge
• Liberté / esclavage
• Haut / bas.

Lumière du monde 12-20

I. En proclamant « Je suis la lumière du monde ; qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres », Jésus sait que l’expression comporte tout un étagement de sens, du plus immédiat au plus transcendant :
• Comme la nuée lumineuse dans le désert, je suis celui qui peut éclairer le monde dans sa marche vers la vie
• La lumière fut la première œuvre de la création. Mais au terme de l’histoire, la nouvelle création aura Dieu lui-même pour lumière : nous n’aurons plus besoin de lune ou de de soleil.
• Dans l’AT la lumière est le signe qui manifeste visiblement quelque chose de Dieu : elle est comme le « reflet de sa gloire », le « vêtement dans lequel il se drape », et finalement Dieu lui-même, d’après le livre de la Sagesse.
Jésus prétend donc se doter d’un attribut divin.
• Toujours dans l’AT la lumière est le signe des interventions salvatrices de Dieu, pour protéger son peuple des ténèbres démoniaques, ou l’en arracher.
Jésus s’identifie aussi à Dieu sauveur : si on l’écoute, si on le prend pour guide, si l’on se met à sa suite, on ne connaîtra pas la mort.

II. Il y a 7 proclamations solennelles de Jésus rapportées par Jean, en forme de « Je suis… » avec un attribut :
• « Moi, je suis le pain de la vie » 6, 35
• « Moi, je suis la lumière du monde du monde » 8, 12.
• « Moi, je suis la porte » 10, 9
• « Moi, je suis le bon berger » 10, 11
• « Moi, je suis la Résurrection » 11, 25
• « Moi, je suis la vigne » 15, 1.5
• « Moi, je suis roi » 18, 37

De plus, il est à remarquer que « Moi, je suis… » ou simplement « Moi », chez les prophètes et dans les livres sapientiaux, introduit les déclaration solennelles de YHWH. Elle est caractéristique de ce qu’on pourrait appeler le style divin.

Frère Joseph

Prière d’avril

Prière du Pape à Marie à l’occasion de la pandémie

Oh Marie,
Tu brilles toujours sur notre chemin
en signe de salut et d’espoir.
Nous te faisons confiance.
Reine des malades,
toi qui as gardé une foi ferme
alors que tu as partagé la douleur de jésus
au pied de la croix.
Tu sais ce dont nous avons besoin
et nous sommes sûrs que tu exauceras
nos demandes, tout comme tu as fait
revenir la joie et la fête
lors des noces de Cana en Galilée,
après un moment d’épreuve.
Aide-nous, Mère de l’Amour Divin, à nous
conformer à la volonté du Père et à faire ce
que Jésus nous dit. Lui qui a pris sur lui nos
souffrances et a été chargé de nos douleurs
pour nous porter à travers la croix
à la joie de la résurrection.
Amen.

Franciscains au temps du coronavirus ?

Franciscains au temps du coronavirus ? Plus que jamais ! Nous voilà tous en pleine traversée du désert, mais de même que la Bible nous enseigne qu’il n’est pas temps de récriminer et que Dieu ne nous abandonne pas, notre devoir de franciscain(e)s, aujourd’hui, n’est-il pas, précisément, … de vivre en franciscain(e)s ?

D’espérer, d’abord, et de s’émerveiller. Difficile, certes, de le faire quand la situation sanitaire atteint la gravité à laquelle on assiste. Mais s’émerveiller n’est pas affaire de petits oiseaux et de contemplation béate. Souvenons-nous du long confinement de François dans les geôles de Pérouse, de la force et de la gaité intérieure qu’il y manifesta d’abord, de la prise de conscience de la vanité des honneurs que cette incarcération provoqua en lui, et de la conversion qui s’en suivit lorsque, malade, il fut libéré et entama sa convalescence. L’évocation de cette vanité fait singulièrement écho, je trouve, aux paroles du prophète Daniel — texte du jour où j’écris — observant, en pleine détresse de son peuple humilié, qu’« il n’est plus, en ce temps, ni prince, ni chef ni prophète » (nous voilà tous au même niveau dans l’épreuve !) et qui demande au Seigneur : « Que notre sacrifice, en ce jour, trouve grâce devant toi, car il n’y a pas de honte pour qui espère en toi »

Souvenons-nous aussi de François, tellement malade, dictant à la fin de sa vie un Cantique des Créatures dans lequel il louait un frère Soleil qu’aveugle, il ne pouvait même pas voir. Souvenons-nous de ce moment sidérant de la déportation du frère Éloi Leclerc, où s’élève ce même Cantique de la bouche de quelques frères franciscains entourant l’un des leurs en train de mourir dans l’horreur d’un wagon à bestiaux menant d’un camp nazi à l’autre. Loué sois tu Seigneur, oui, même dans ces circonstances extrêmes parce que tu ne nous abandonnes pas, parce que tu accueilles tout être humain, mort ou vivant, dans ton immense amour.

Franciscain(e)s, nous pouvons aussi nous émerveiller de toutes les initiatives prises ici ou là pour venir en aide aux plus démunis dans cette période qui les frappe de plein fouet. Nous émerveiller pour nos concitoyens qui ont compris le message et respectent les consignes officielles (ils sont très majoritaires). Nous émerveiller surtout de l’incroyable dévouement des membres du personnel soignant, allant jusqu’au bout de leurs forces pour endiguer l’épidémie et guérir ceux qui peuvent l’être.

Ensuite, nous voilà tous au défi de mettre en œuvre le quadrilatère des vertus franciscaines : humilité, pauvreté, minorité, fraternité.

Humilité, parce que beaucoup de nos certitudes sont mises à mal aujourd’hui. Parce que nous voyons les limites de ce que nous croyions savoir, parce qu’il nous faut plus que jamais être « humbles et soumis à tous », ne pas fanfaronner en bravant les consignes et en nous disant que nous en avons vu d’autres, que nous n’allons pas nous empêcher de faire notre jogging si ça nous chante, que la liberté, quand même…

Pauvreté, parce que ce moment nous apprend comment vivre avec moins, comment être plus économes de tout, comment nous contenter de ce que nous avons. Je n’ignore pas, évidemment, que les hommes et les femmes vivant déjà dans la grande pauvreté peuvent lire ces lignes avec ironie ! Un ami suisse, impliqué dans ATD Quart Monde, me disait récemment que, appelant au téléphone un militant du Mouvement pour prendre des nouvelles de sa santé en cette période d’épidémie, il s’est fait répondre : « De quelle santé parles-tu ? De celle que les galères de ma vie ont déjà détruite, ou du fameux virus ? » Puissent au moins les privations temporaires que nous pouvons subir nous ouvrir les yeux sur ceux qui ne vivent que privations.

Minorité, parce que la compétition n’est plus de mise, parce que, comme nous le demandait François, nul ne doit dominer ses frères. Bertrand Badie, fin analyste de la vie publique nationale et internationale, faisait observer il y a peu de temps que l’enjeu sanitaire renverse radicalement les règles de l’enjeu économique classique. Alors que la compétition économique suppose souvent que je ne gagne que si l’autre perd, en matière de santé, à l’inverse, je ne gagne que si l’autre gagne. Au fond, ce que beaucoup d’entre nous attendent depuis si longtemps — un ralentissement de la course au profit, une prise de conscience des enjeux écologiques, une sobriété heureuse — se produit, ou est sur le point de se produire sous nos yeux. La crise sanitaire : une invitation à sortir d’un monde où dominent les puissances financières, à vivre autrement.

Fraternité enfin. Plus que jamais s’applique, me semble-t-il, le dicton brésilien « Plus nous sommes, plus je suis ». L’interdiction de circuler limite, certes, nos possibilité de gestes solidaires en direct, mais le téléphone, les dispositifs de communication collective comme WhatsApp, FaceTime, Internet, tous ces progrès tellement contestés, critiqués comme accentuant l’individualisme, peuvent se révéler bien au contraire des moyens précieux pour rompre l’isolement et renforcer le sentiment de fraternité.

Si nous n’étions franciscain(e)s que lorsque tout va bien, le serions-nous vraiment ? Prions ensemble le Seigneur pour que cette crise s’éloigne le plus vite possible, épargne autant que possible les plus fragiles, mais prions aussi pour que nous sachions en tirer les leçons et avancer vers une société plus humaine, plus juste et plus solidaire, cette société à laquelle nous appelle tous les ans le carême. Avançons vers Pâques avec cette boussole.

Michel Sauquet

événements mars / avril 20

Ce soir vendredi 27 mars 2020 à 18h00

Le Pape François nous invite :
« À la pandémie de virus, nous voulons répondre avec l’universalité de la prière. »

Pour suivre la retransmission en direct avec traduction en français,
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En ces jours compliqués et singuliers, le conseil de la solidarité a souhaité recueillir et partager à tous les initiatives locales fraternelles et celles des mouvements et associations dont il a connaissance.
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