Un groupe de frères et sœurs de nos fraternités était en pèlerinage à Assise et dans certains ermitages franciscains du 9 au 15 avril dernier, accompagné par le frère Joseph, notre assistant régional.
Voici un témoignage de ce qui s’est vécu durant ce pèlerinage…
Un rêve ancien que d’aller à Assise. Pourquoi ? A vrai dire, difficile de savoir. Souvenir de la prière attribuée à Saint-François, que ma mère nous faisait réciter le soir ? Souvenir bien vague de ce fils de bonne famille recherchant le calme dans une petite église en ruine près d’Assise où il y avait rencontré Dieu?
J’ai eu le plaisir de découvrir Assise dans le cadre d’un pèlerinage organisé du 9 au 15 avril à l’initiative de frère Joseph Banoub, Assistant régional de la fraternité séculière de l’Est francilien. Il fut notre accompagnateur spirituel et célébra chaque jour la messe avec nous, soit dans l’enceinte des lieux visités, soit dans la chapelle de la Casa Francesca.
Nous étions une quinzaine de personnes issues de fraternités de la région parisienne. Le groupe dégageait un sentiment de sérénité et de bienveillance qui a participé à la réussite de ce pèlerinage.
Le soleil a été à nos côtés pendant tout le séjour, et nous avons été hébergés à la Casa Francesca chez les sœurs franciscaines dont l’accueil, la gentillesse et la joie de vivre nous ont laissé un bien agréable souvenir.
Frère Joseph fut un accompagnateur spirituel très présent auprès de nous mais également notre guide. Fin connaisseur du franciscanisme, il nous a menés à Assise, et hors d’Assise, dans des hauts lieux de la spiritualité franciscaine que l’on ressentait fortement imprégnés de la présence de Saint François.
A ASSISE, la visite des principaux lieux liés à la conversion de François fut particulièrement émouvante.
Le premier fut le sanctuaire de Saint Damien, entouré d’oliviers et de cyprès. C’est dans l’église de Saint Damien que François entendit une voix venue du crucifix lui dire : « François, va et répare ma maison qui, tu le vois, tombe en ruine ». C’est également dans ce lieu qu’après s’être consacrée à Dieu, Claire vécut modestement jusqu’à sa mort.
C’est là aussi que François composa le CANTIQUE DES CREATURES.
Après la messe, sur la terrasse ensoleillée, Frère Joseph nous récita le CANTIQUE DES CREATURES, « le plus beau morceau de poésie religieuse depuis les Evangiles », selon Renan.
C’était touchant de l’entendre en ce lieu où François le composa un an avant sa mort.
Moins intime, mais à la mesure de la renommée mondiale de Saint François, la basilique Saint François. Nous y sommes arrivés suffisamment tôt le dimanche matin ce qui nous a permis de nous recueillir devant le bien triste tombeau de Saint François puis de contempler, dans la basilique inférieure comme dans la basilique supérieure, d’admirables fresques, notamment des fresques de GIOTTO, qui donnent une merveilleuse image picturale de la vie de Saint François.
Hors d’ASSISE, nous avons visité des ermitages situés dans des lieux d’une beauté saisissante où François et ses Frères se retiraient pour prier et méditer.
Devant ces lieux resurgissait l’émotion ressentie des années auparavant en découvrant ces quelques lignes de Barrès sur la Colline de Sion : « il est des lieux où souffle l’esprit. Il est des lieux qui tirent l’âme de sa léthargie, des lieux enveloppés, baignés de mystère, élus de toute éternité pour être le siège de l’émotion religieuse. »
Cette émotion, on ne pouvait que la ressentir en découvrant les ermitages de l’ALVERNE, de FONTE COLOMBO ou des CARCERI.
L’Alverne, édifié sur un rocher entouré d’une forêt de pins et de hêtres, où François reçut les stigmates deux ans avant sa mort.
Fonte Colombo où François se retira en 1221, en compagnie de frère Léon et de frère Bonizzo pour rédiger la Régula Bullata approuvée par le Pape en 1223.
Les Carceri, ermitage entouré de chênes, où selon le mot de François Cheng, François avait trouvé ce qu’il cherchait : « une radicale solitude où l’humain ne peut plus dialoguer qu’avec l’invisible Créateur. »
Les Carceri furent également pour nous un lieu de méditation solitaire sur la base de thèmes proposés par frère Joseph : ADMONITIONS II et XXVII; LUC 11 1-4 et LUC 4,1-13.
Emouvant aussi de découvrir la Portioncule qui est, selon le mot de saint Bonaventure, « le lieu que François aima le plus au monde ».
C’est dans cette petite chapelle qu’à la fin de l’année 1208, la lecture par un prêtre de l’Evangile selon Saint Matthieu (Mt ch 10) joua un rôle décisif, dans la conversion de François, en lui faisant découvrir sa vocation à la pauvreté.
A la suite de cette lecture, il s’écria : «Voilà ce que je veux, ce que je cherche, ce que je désire faire du fond du cœur. »
C’est aussi dans cette chapelle que Claire se consacra à Dieu en 1212 et que François rendit son âme à Dieu le 3 octobre 1226.
Emouvant enfin, en entrant à Saint Ruffin, de voir les antiques fonds baptismaux où furent baptisés François et Claire puis de se recueillir, dans la basilique Sainte Claire, devant son tombeau puis devant le crucifix qui parla à François aujourd’hui conservé dans cette basilique.
Nous n’avons pas vu le loup de Gubbio mais avons bien retenu ce message des FIORETTI et notre séjour s’est terminé à Greccio par la visite du sanctuaire édifié sur l’endroit où François fêta, le 25 décembre 1223, dans une joie ressentie par tous , la naissance du Christ dans une grotte de la montagne où avait été placée une merveilleuse crèche vivante semblable à celle de Bethléem.
Les lieux visités, comme la Légende franciscaine, manifestent que pour François la vie est une circulation d’amour entre le Créateur, Dieu, et sa créature.
Sa règle de vie est donc simple : observer la parole de Dieu, qui s’est exprimée par l’Évangile, donc accepter l’Evangile dans toutes ses exigences.
Huit siècles après sa mort, Saint-François reste le Saint le plus fameux de l’Eglise Catholique. Sa popularité fait de lui une figure universelle : croyants, comme non croyants, sont impressionnés par ce «bâtisseur », par son courage, sa générosité et sa force face à l’adversité.
Cette première immersion dans les lieux où vécut François conduit à revisiter certains aspects du quotidien pour rester émerveillé devant la création du monde, pour cultiver l’optimisme, garder le cœur ouvert, voir en l’autre quel qu’il soit un frère ,ne pas imposer sa volonté aux autres, pardonner, partager… la liste pourrait être longue car le Message de Saint-François concerne tous les domaines de la vie. La mise en œuvre, même modeste, de ce magnifique Message demande une sagesse difficile à atteindre, alors que faire devant la difficulté ? Il peut être tentant de renoncer mais le Message d’Assise c’est de se mettre très humblement en chemin et d’entendre la voix du Christ.
Jean-Pierre Guéroult, fraternité Saint François, Fontenay-sous-Bois.